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    La province de l’Ituri, située au Nord-Est de la République Démocratique du Congo (RDC), devient de plus en plus une « boucherie humaine » ces dernières années. Des civils y sont massacrés quasiment chaque mois, en dépit des efforts des autorités du pays.

    4 premiers mois « chaotiques »

    Depuis le début de cette année 2023, au moins 476 civils ont été massacrés par des groupes armés. Un bilan livré à la presse de Bunia, vendredi 28 avril 2023, par la coordination provinciale de la société civile forces vives de l’Ituri, s’attardant sur 4 mois, soit de janvier à avril.

    En moyenne, plus de 100 civils sont tués chaque mois, depuis janvier 2023. Des chiffres non encore confirmés par d’autres sources indépendantes ou encore sécuritaires. A cela s’ajoute 34 blessés de guerre, 46 femmes et enfants kidnappés.

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    Au-delà de la tuerie des civils, des groupes armés se lancent aussi dans la destruction des infrastructures socio-économiques de base. 688 maisons ont été incendiées depuis le début de l’année. Il faut y ajouter des écoles, structures sanitaires saccagées,… Toujours selon les chiffres de cette structure citoyenne, 654 vaches ont été emportées durant la même période. Des éleveurs des bétails en détresses.

    Cette instabilité sécuritaire avec des morts en cascade enregistrés chaque mois, laisse des milliers de familles « déchirées » et « inconsolables », a constaté buniaactualite.cd.

    « Mon frère a été tué innocemment. Que voulez-vous qu’on dise d’autre ? Cette histoire de l’Ituri est devenue intenable. Nous ne faisons que passer d’un deuil à un autre. Des civils non armés sont tués sans raison par des groupes armés », regrette un jeune homme, ayant perdu son frère en territoire de Djugu, dans une attaque des groupes armés.

    Presque tous les 5 territoires touchés

    Depuis le début de cette année 2023, quasiment tous les 5 territoires de la province de l’Ituri sont constamment secoués par l’insécurité, la ville de Bunia n’est pas « totalement épargnée ». Dans cette capitale provinciale, le banditisme urbain n’a pas encore dit « son dernier mot ».

    Dans le territoire d’Irumu, plusieurs attaques attribuées aux ADF ont été documentées durant la même période. De nombreux civils ont perdu la vie. Les derniers affrontements entre les groupes armés CODECO et FPIC, dans plusieurs villages de la même entité ont occasionné, comme conséquence, la mort de plusieurs citoyens congolais, sans parler des dégâts matériels.

    Les territoires de Djugu et Mahagi sont touchés par la milice CODECO et le groupe d’autodéfense Zaïre. Ces deux mouvements insurrectionnels font également « rage ». L’attaque la plus meurtrière a été celle menée par la CODECO dans des entités du secteur de Banyali-Kilo où un véritable « carnage » a été documenté.

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    Le territoire de Mambasa se démarque par des attaques contre des sites miniers. Des civils sont tués, des biens pillés… Les femmes sont aussi des principales victimes. De nombreux cas de violences sexuelles ont été enregistrés depuis janvier. Aru, pourtant connu comme l’un des coins « calme » de l’Ituri, enregistre aussi « silencieusement » ses morts.

    Des efforts de l’état de siège …

    Depuis actuellement près de 2 ans, l’état de siège est encore en vigueur dans la province de l’Ituri. Jour et nuit, des autorités de cette administration spéciale essaient de se battre pour « faire régner la paix ».

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    La police procède, quasiment chaque mois, à l’arrestation de nombreux présumés criminels.

    Récemment, dans sa communication, le porte-parole de l’armée a même affirmé que plusieurs villages sont passés sous contrôle des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (RDC), notamment dans le territoire de Djugu.

    C’est au cours de la même période, soit entre janvier et avril, que la machine du P-DDRCS a été officiellement déclenchée. Un premier groupe de combattants des groupes armés CODECO et FPIC a rejoint le désarmement et la démobilisation. Mais quid du nombre d’armes déjà déposées ? Là encore, « un flou » règne. Cependant, cette démarche est « fortement » encouragée par plusieurs personnes en Ituri.

    Malgré ces avancées, la société civile estime que rien ne va. « Nous avons constaté que la volonté du Chef de l’Etat en décrétant l’état de siège n’est pas traduite en action », a estimé l’ingénieur Dieudonné Lossa, coordonnateur de cette structure citoyenne. Il prend pour appui les massacres à répétition des civils.

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    L’état de siège est donc jugé, par la même source, « d’improductif ». La société civile veut voir la reprise des opérations militaires contre les groupes armés, actifs dans cette province en pleine administration spéciale, confiant tous les pouvoirs aux FARDC et PNC. Dans le paquet de solutions, l’ingénieur Lossa plaide pour l’organisation de la table ronde pour la paix, la sécurité et de le développement de l’Ituri. Un plaidoyer adressé au président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.

    David Ramazani

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