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    Dans l’opinion publique iturienne, beaucoup s’interrogent sur le pourquoi de l’arrêt des opérations militaires de grande envergure contre des groupes armés locaux, malgré la persistance de l’insécurité dans certains coins de la province. Il a fallu attendre la sortie médiatique du gouverneur militaire, pour tenter de tirer au clair ce revirement de la situation.

    Des opérations aux négociations

    En tout cas, c’est le moins qu’on puisse dire. La donne a changé. Les efforts sont plutôt concentrés aux dialogues entre communautés et groupes armés, et non pas nécessairement aux opérations militaires, à en croire les propos du Lieutenant-Général Luboya N’kashama Johnny, intervenant exclusivement au micro de nos confrères de la radio onusienne.

    Chacun a sa profession, il ne faut pas vous aviser spécialistes dans une profession que vous connaissez mal. Il faut suivre les ordres que nous, nous avons. Moi je ne suis pas un petit roitelet ici en Ituri pour faire ce que je veux quand je veux. Vous avez appris ici qu’on a le dialogue entre les communautés, et même les groupes armés ”, rappelait ainsi, l’homme qui s’était dit le jour de son arrivée qu’il allait être « sans état d’âme » en vers les groupes de milices.

    Il y a lieu de croire que le gouverneur militaire a visiblement, au stade actuel, un schéma spécifique pour le retour de la paix en Ituri, province qu’il dirige depuis plus d’une année. Tout bascule actuellement vers le dialogue. Au-delà de l’Ituri, le commandant des opérations militaires semble avoir les mains liées. Les injonctions sont, sous réserve d’une communication officielle du pouvoir central, déjà connues. Kinshasa veut dialoguer et non combattre les groupes armés locaux.

    Vous avez appris qu’il y eu a Nairobi, vous avez appris qu’on prépare Nairobi 2. Vous n’avez pas appris qu’il y a toute une grande délégation qui est arrivée ici pour préparer Nairobi 2 ? Vous voulez que moi je commence à désobéir aux ordres maintenant ? ”, s’est-il interrogé alors qu’il répondait à la question de savoir le pourquoi de “l’éventuelle léthargie” des FARDC face aux groupes armés locaux.

    Il est possible de dire, au regard de ces affirmations, que le gouverneur militaire de l’Ituri, pourtant envoyé premièrement et principalement pour les opérations militaires, doit se conformer maintenant à une nouvelle dynamique. C’est notamment celle de ne pas attaquer directement certains groupes armés, mais faire pérenniser le volet dialogue. Ceci en conformité avec les ordres qui lui proviendraient de Kinshasa.

    Parlant de Nairobi, beaucoup d’observateurs n’y croient pas trop. C’est depuis fin avril 2022 que la première étape des pourparlers dans cette capitale Kenyane a pris fin. Principalement, cette séance n’a que servi à recueillir les attentes des groupes armés. Kinshasa avait du mal d’ailleurs à affirmer qu’il s’agit “ d’un dialogue en proprement parler ”.

    Dans ces échanges, officiellement, il n’y avait que la FRPI qui était représentée parmi les milices actives en Ituri, les leaders de la très virulente CODECO ayant souhaité briller par leur absence, ainsi que ceux de tous les autres groupes subversifs actifs dans la zone, notamment FPIC, Maï-Maï ou encore ceux du mouvement d’autodéfense Zaïre.

    Au mois de Mai, une délégation est arrivée à Bunia pour préparer l’étape 2 de Nairobi. Mais depuis lors, aucune communication sur la suite du processus.

    Doit-on faire confiance aux groupes armés signataires d’actes d’engagements ?

    Sous état de siège, le groupe armé FPIC dit “ Chini ya Kilima ”, a été le premier à déposer son acte d’engagement unilatéral de paix pour la cessation des hostilités. C’est cette milice qui est accusée souvent d’avoir saccagé les bureaux administratifs du territoire d’Irumu.

    La milice CODECO, active principalement dans le territoire de Djugu, a été le deuxième groupe à emboîter les pas. Comme pour FPIC, une cérémonie a été organisée à leur honneur à l’esplanade du gouvernorat de province, sous la bénédiction du gouverneur militaire.

    Malgré ces signatures, les deux milices ont manifesté ouvertement la volonté de rester en “ alerte maximale ” de combat, en cas d’attaque ennemie.

    Pourtant, plusieurs centaines de civils ont été tués dans le territoire de Djugu depuis la signature desdits actes par CODECO et FPIC et des appels au respect des engagements pris ont émaillé de partout, même du côté des autorités de l’administration militaire.

    Depuis février 2020, le groupe armé Force de Résistance patriotique de l’Ituri (FRPI) a signé avec le gouvernement un accord de paix. C’est la plus ancienne milice de la province de l’Ituri, qui a survécu depuis l’époque de la guerre interethnique ayant plongé la province dans un bain de sang historique. Cet accord n’a pas trop produit d’effets. Les deux parties n’ont jamais voulu le faire aboutir. Chacune d’entre elles campe sur ses positions.

    Mais sûrement, outre l’arrêt des violences armées, la FRPI est restée un groupe auteur de quelques cas de vols de bétails dans la région du Sud Irumu. Elle s’est aussi affrontée au moins 3 fois avec des éléments de la milice FPIC, dans la même zone où ses combattants restent cantonnés.

    Des appels au fameux groupe d’autodéfense Zaïre ou encore à la milice Maï-maï de rejoindre le processus de paix sont courants ces derniers temps.

    Pour certains observateurs, il fallait combiner à la fois le dialogue et les opérations militaires de grande envergure, en cas de dérapage de ces miliciens. Des actes d’engagements sans mesure d’accompagnement risquent de ne pas avoir une garantie sûre. Jusque-là, Kinshasa ne se serait même pas encore prononcée officiellement par rapport à ces actes d’engagements.

    Des miliciens armés continuent de contrôler certaines entités de la province de l’Ituri sans être inquiétés, au motif d’avoir signé un acte d’engagement. Ils disent attendre le processus de désarmement, qui devrait être logiquement déclenché par le P-DDRCS, un programme qui n’a jamais décollé, faute de moyens.

    Sans moyens, ni mesures d’accompagnement, il est difficile aujourd’hui de faire confiance à ces groupes armés. Détenant encore les armes, ils peuvent nuire à tout moment.

    L’État devrait s’assumer en imposant son autorité, en frappant sérieusement les groupes armés ou encore simplement négocier. Mais après tout, le gouvernement est le seul à imposer la paix par n’importe quels moyens. l’État a le monopole de la violence. Plus le temps passe, plus les groupes armés deviennent incontrôlables, plus la population en paie le grand prix.

    David Ramazani

    Un commentaire

    1. Luboya lui même étant le fruit de groupes armées atretient ces derniers tout en sachant que lui ussie de groupes armées reviendra prmis les groupes armées. Il prépare son avenir.

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