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    Dans la partie Est de la République démocratique du Congo (RDC), rester en vie est un combat quotidien. L’insécurité ne cesse de chambarder la quiétude des habitants. Dans l’entre-temps, la population pleure quasiment chaque jour, les structures citoyennes dénoncent devant l’État qui condamne… poussant certains commentateurs à s’interroger sur « qui doit agir ? »

    La sacralité de la vie menacée

    À l’arrivée de chaque nuit, l’incertitude gagne de nombreux habitants de grandes agglomérations se trouvant dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Goma, Bunia, Beni, Mongbwalu, Mambasa… La criminalité urbaine bat son plein, surtout ces derniers temps.

    Des bandits, parfois à mains armées, opèrent fréquemment. Des maisons cambriolées, des biens de valeurs emportés, des femmes violées… cédant place aux larmes des victimes. Dans certaines circonstances, des civils sont même tués ou blessés pendant ces opérations criminelles.

    La sacralité de la vie est fortement menacée. Au-delà de la pauvreté et du chômage criant, la population se trouve fréquemment coincée entre la vie et la mort. N’importe qui peut surgir de nulle part pour tuer, blesser, voler… rendant de nombreuses familles très vulnérables.

    Au-delà de la criminalité urbaine, les groupes armés ne cessent, comme ces dernières années, de fragiliser les familles. À Goma par exemple, considérée par certains observateurs comme étant la capitale de toute la partie Est de la RDC, les frappes du groupe terroriste M23, soutenu par le Rwanda, atteignent par moments la ville. Il y a moins d’une semaine, des personnes ont été tuées et blessées par des bombes larguées par ce mouvement rebelle.

    Dans certains villages et groupements des provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, les groupes armés continuent à maltraiter la population civile. Les civils sont couramment tués. Pleurer, souffrir, mourir… C’est la vie pénible au sommet du quotidien.

    Société civile et dénonciation

    La société civile Forces vives est, comme toujours, restée au centre des dénonciations. Les radios, les médias sociaux… sont inondés par des déclarations du genre : « Nous dénonçons, nous condamnons cette attaque meurtrière… ».

    Visiblement, ces déclarations viennent appuyer le désespoir de la population meurtrie. Elles viennent aussi, selon certains observateurs, interpeller le gouvernement congolais face à ses responsabilités premières, celles de protéger les personnes et de leurs biens.

    Parfois, dans les sorties médiatiques des structures citoyennes ou encore des organisations des droits humains, il y a des alertes sécuritaires en vue d’envisager des actions préventives. Là encore, la réaction directe tarde à venir sur le coup.

    Ces dénonciations, comme les cris d’alarme des habitants, accentuent la pression sur les autorités étatiques pour prendre des actions idoines pouvant permettre de restaurer la paix et la sécurité.

    Ce rôle de dénonciateur fait des animateurs des structures citoyennes des « opposants » des autorités étatiques. Sans réserve, certains responsables des forces vives dénoncent parfois ce qu’elles qualifient « d’inefficacité » des autorités. Des mots qui ne sont toujours pas bien consommés par les dirigeants. L’on se souviendra du touchon qui a brûlé entre le coordonateur de la société civile de l’Ituri et le gouverneur militaire de cette province.

    Au-delà de tout, les sociétés civiles ne baissent pas les bras pour dénoncer, déplorer, condamner, regretter… Des vocabulaires qui témoignent de leur souci de voir les choses changer, mais sur le terrain, c’est toute une autre situation.

    L’État condamne…

    Le président Tshisekedi, dans la recherche des solutions aux problèmes dans l’Est de son pays, ne cesse de visiter de nombreux pays à travers le monde en vue de solliciter leur implication directe dans la condamnation des crimes qui se commettent principalement au Nord-Kivu par des rebelles du M23, sous couvert du Rwanda.

    « Silence, on tue!», Patrick Muyaya, ministre de la communication en RDC dénonce le silence de la CI face aux atrocités de l’Est. © DT

    La condamnation de l’agression rwandaise témoigne, au plus haut sommet de l’État, de la volonté pour les autorités de voir la situation basculer autrement. L’État congolais, depuis un moment, continue de mettre la pression sur la « communauté internationale » en vue d’obtenir d’elle la « condamnation » du soutien du Rwanda envers le M23 et les sanctions sévères sur le régime de Kagame.

    Le porte-parole du gouvernement congolais, les gouverneurs de province, les ministres, les députés, les communicateurs des forces de défense et de sécurité… Tout le monde, ou presque, condamne les crimes commis par des groupes armés étrangers et locaux.

    L’État se fait remarquer aussi par des condamnations après chaque « acte terroriste ». La dernière attaque meurtrière de la rébellion du M23 sur la ville de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, a affirmé davantage cette position de l’État congolais. Le gouverneur militaire dans ladite partie de l’est de la RDC a, dans sa sortie médiatique, condamné cette attaque rebelle qu’il a d’ailleurs qualifiée de crime contre l’humanité.

    « Silence on tue ! », le 09 février 2024, à la « surprise générale», des membres du gouvernement Sama Lukonde, main droite à la forme d’un revolver sur la tempe, main gauche fermant la bouche, ont affiché un geste « largement commenté » pour dénoncer le silence de la communauté internationale. Un geste que les joueurs de l’équipe nationale venaient d’afficher lors de la demi-finale de la CAN Côte d’Ivoire 2023.

    Pendant ce temps, certains observateurs s’interrogent sur la question primordiale : Qui doit agir et quand ? Là encore, les responsabilités semblent partagées.

    Devant la ligne d’attaque, les autorités étatiques dans l’ensemble (exécutif, judiciaire et législatif) devraient accentuer les efforts dans la recherche de la paix. Dans la pratique, la volonté se manifeste à travers la formation des militaires, la signature d’actes d’engagement de paix par des groupes armés locaux, l’instauration de l’état de siège pour en finir avec les violences… Cependant, la nécessité d’accroître ses efforts se fait toujours attendre.

    La population et les structures citoyennes, estiment certains analystes abordés par buniaactualite.cd, doivent aussi accompagner l’État dans cette lourde bataille de restaurer la paix pour changer le narratif. « La sécurité est aujourd’hui une affaire de tous », a rappelé récemment un officier de la police en RDC.

    Les efforts doivent être collectifs en vue d’endiguer complètement le phénomène « groupe armé » à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Dans l’entre-temps, une réponse appropriée et proportionnelle aux nombreux problèmes à travers le pays serait l’une de voies de sortie.

    David Ramazani

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