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    Cet article participe au concours #AvecLeCœur, organisé par le CICR Bunia à l’occasion de la journée internationale de la Croix Rouge de chaque 8 mai et de 160 ans de l’action du Mouvement International de la Croix et du Croissant Rouge. Plus vous le lisez et vous le faites lire, plus vous augmentez la chance à l’article de Nickson Manzekele de remporter le Grand Prix. Ce concours expire samedi 31 mai 2023 à 17heures, +2 GMT.

    En territoire d’Irumu, la présence des volontaires secouristes de la Croix Rouge est indispensable. Face aux conséquences de la guerre et aux incidents du quotidien des communautés, ils sont souvent les premiers à répondre à l’appel. J’ai visité les coordinations de la Croix Rouge en chefferies de Bahema Boga, Banyali Tchabi et Walendu Bindi, au sud de la ville de Bunia. Face à d’énormes défis qui les placent à un pas de tout lâcher, les volontaires restent motivés !

    Secourir oui, mais avec quels matériels ? Gants, bandage, désinfectants, civière, … sécurisent les volontaires et les victimes lors d’un secours d’urgence. La Croix Rouge provinciale de l’Ituri doit se partager un stock limité avec ses coordinations sur le terrain. Conséquences, plusieurs structures que j’ai visitées n’ont pas grand-chose dans leurs stocks.

    A Boga par exemple, la coordination préfère garder son lot de kit pour la gestion des dépouilles mortelles. « En cas d’accident, l’on recourt à des moyens de bord pour intervenir…un emballage plastique (sachet) peut servir de gants, une étoffe de l’habit du volontaire peut servir de bande avant d’acheminer la victime vers les structures sanitaires…être volontaire, c’est avant tout un état d’esprit », explique Jules Bulemu, coordonnateur de la Croix Rouge dans la chefferie des Bahema Boga.

    La coordination voisine des Walendu Bindi confirme avoir perdu quelques têtes dans le rang des volontaires secouristes à cause du « manque des matériels de secours ». « A cause de cela, plusieurs volontaires ont dû quitter le Mouvement », se plaint Anyozo Baraka, coordonnateur qui se doit continuer la mission avec ceux qui sont restés.

    A la guerre comme à la guerre : mais jusqu’à combien payeront-ils le prix ?

    Certes, les volontaires secouristes travaillent toujours en parfaite collaboration avec les autorités pour intervenir dans des zones à haut risque. Mais, des explications reçues, j’en déduis qu’ « Il n’existe pas de risque zéro » s’applique au quotidien dans leur travail.

    La Croix Rouge de la chefferie des Walendu Bindi cite par exemple les engins explosifs qui parsème leur terrain d’intervention, sorti du conflit armé. Il en veut pour exemple, une mine découverte en début de la semaine allant du 01 au 07 mai, au centre même de Gety, chef-lieu de la chefferie.

    A Bahema Boga, le coordonnateur de la Croix Rouge n’oubliera visiblement jamais Mawa. Mawa est le nom de son volontaire qui est porté disparu depuis plusieurs jours à Bulirya, groupement Buleyi. Ici, la plaie des ses collègues volontaires est encore plus profonde qu’on le croit : deux autres volontaires ont été victimes du conflit armé qui déchire la zone. Etienne et Kasoro qui travaillent dans la région de Tondoli et de Malibongo ont payé de leur vie.

    « Malgré plusieurs entretiens et séances de sensibilisation, deux volontaires ont abandonné suite à ce défi sécuritaire. Ils pensent surement à ces collègues qui nous ont quittés. Mais, c’est aussi cela le sens du ‘volontariat’ …on ne force personne à rester », déclare Jules Bulemu. En outre, plusieurs autres volontaires ont simplement quitté sa coordination pour se retrouver pour la plupart en Ouganda voisin où ils se sont réfugiés.

    Ce travail fait avec cœur soulage pourtant les communautés en détresse

    De mon entretien avec Richard Faustin coordonnateur de la Croix Rouge, j’ai retenu le mot : espoir. En 2021 et en 2022, alors que cette entité fait face à des attaques répétitives des porteurs d’armes, la Croix Rouge est restée aider. Faustin et quelques volontaires ont mené plusieurs actions visant par exemple, à garder la structure sanitaire de la place viable.

    Puisqu’après avoir appliqué les premiers soins, ils devraient bien trouver quelque part où acheminer les malades. « Nous avons fait tout pour que les populations qui sont restés et ceux qui reviennent trouvent une structure de santé fonctionnelle. Nous avons entrepris plusieurs activités d’assainissement sur le lieu et aujourd’hui on est content que la structure est soutenue par le CICR », relate-t-il.

    La Croix Rouge de Tchabi est porteuse d’espoir au regard du grand nombre des nouveaux adhérents, pour la plupart des retournés de guerre. Aussi, elle tient quelques activités génératrices des revenus pour palier aux déficits des matériels. « En plus du secours, nous avons des champs à cultiver, un étang piscicole, … », confie Richard Faustin.

    Partout où je suis passé, les activités d’assainissement se font de manière assez régulière pour éviter aux communautés une forte exposition à des maladies. Dans les trois coordinations, la Croix Rouge prêche sa mission et la cohabitation pacifique entre peuples. L’humanité, impartialité, neutralité, indépendance, volontariat, unité et universalité est le chant que fait raisonner les volontaires dans les oreilles de la population locale.

    Le CICR contribue au renforcement des capacités opérationnelles de la Croix- Rouge de la RDC et soutient ses activités humanitaires en faveur des communautés les plus vulnérables.

    Les deux organisations travaillent conjointement à la promotion du respect de l’emblème de la Croix-Rouge afin d’améliorer l’accès aux populations dans le besoin.

    Nickson Manzekele

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