La tracasserie militaire est devenue « l’hymne » pour des usagers sur quasiment tous les axes routiers de la province de l’Ituri. De Komanda à Mambasa, de Luna à Komanda, de Bunia à Mahagi, de Bunia à Tchomia ou encore de Bogoro à Aveba.
Sur ces axes, des militaires FARDC sont accusés de transformer « leurs positions stratégiques de contrôle aux barrières de la perception d’argent ». Sur ces barrières, la principale activité semble être « la perception de l’argent » que « le contrôle », censé pourtant être l’objectif principal dans une province en « instabilité sécuritaire ».
Au-delà des cris d’alarme « réguliers » des usagers de certains axes routiers, buniaactualite.cd a également fait ce même constat sur le tronçon Bogoro-Aveba. Là, ce sont les taximen motos qui sont plus victimes. Ils sont « obligés » à payer «500 ou 1000 Fc» pour chaque « point de contrôle ».
Le paiement de ce montant sans discussion, « aveugle » des militaires sur ledit point de contrôle. En récupérant ce montant, ils ne se soucient plus de contrôler « les marchandises transportées » par des taxis-motos ou tout autre usager qui se confirme à leur exigence.
La preuve justificative à ce payement est « la signature par marker » de percepteur à chacune des barrières ou positions. La première barrière est érigée au village Mbogu.
La tracasserie, une affaire, non seulement des militaires FARDC mais aussi, des miliciens. À l’entrée de la chefferie de Walendu Bindi, ces sont des éléments de la milice FRPI qui se donnent à cette pratique. Le 4 juin 2023, des éléments de la milice CODECO étaient vus soumettre les conducteurs motos au même payement dans une barrière sur le tronçon Katoto-Masumbuko-Drodro.
Sur le tronçon Bunia-Mahagi, l’acteur politique Roméo Bahigwa dénombre plus de 50 barrières. Un constat fait le mercredi 5 juillet après le passage sur cet axe.
“ Sur la RN27, nous avons vu des militaires demander de l’argent à partir de Nioka à près de Lopa. Il y a plus de 50 barrières. Sur l’axe Soleniama-Iga Barrière-Mabanga c’est la même chose ”, regrette ce fils de Djugu.
Un malheur partagé aussi par Patrick Ruvale, un autre fils du terroir qui appelle « à la responsabilité des autorités compétentes ». La « tracasserie militaire » est l’une des dénonciations fréquentes sur les voix des ondes à travers la province, depuis même la période avant l’état de siège.
À l’oreille des autorités
Ce mercredi, 5 juillet l’administrateur du territoire d’Irumu, au sortir de la réunion de conseil territorial de sécurité, a suspendu les entrées à toutes les barrières légales au-delà de 20 heures. Une décision qui fait suite à l’arrestation de 3 présumés trafiquants d’armes à Komanda alors qu’ils provenaient de la région de Kisangani (Tshopo). Le Colonel Siro Nsimba ne comprends pas comment, ils ont pu faire autant de kilomètres, traversés autant de barrières sans être arrêtés.
L’on se souviendra de l’arrestation par la même autorité territoriale, fin décembre 2022 de 7 militaires FARDC pour tracasserie sur les usagers du tronçon Komanda-Luna.
Devant le Lieutenant-Général Luboya N’Kashama en août 2021, la population de Komanda avait aussi évoqué cette situation de « tracasserie militaire » sur différents axes.
«La pitié ne fait pas les forces armées », le gouverneur de province, en mission à Mongbwalu (Djugu) le 30 juin 2023, a une fois de plus promis « d’identifier et punir » ces éléments «qu’ils soient militaires ou policiers ».
Le point de contrôle perd de plus en plus son objectif initial : « celui de contrôler tout mouvement de la population ». Abordé récemment à ce sujet par notre rédaction, l’auditeur supérieur près la cour militaire de l’Ituri était clair.
“ Ce qu’on appelle des barrières, ce sont en réalité des points de contrôle. Il y a des bévues, on le sait. Ceux qui sont reprochés des bévues sont déférés devant nous et nous les sanctionnons ”, a dit le colonel magistrat Joseph Makelele.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la tracasserie militaire est une pratique qui date dans la province de l’Ituri. Malgré l’opposition ou l’interdiction des autorités compétentes, certains militaires continuent à s’illustrer dans cet exercice. D’où et pourquoi prennent cette initiative de demander de l’argent aux conducteurs ?
David Ramazani