Dans le territoire de Mahagi, une entité située à environ 180 kilomètres au nord-est de la ville de Bunia, des militaires se « tapent » de l’argent sur la population à travers des barrières érigées sur des routes provinciales, voire des routes de desserte agricole. Une tracasserie loin d’être terminée.
Cette tracasserie militaire est observée presque dans toutes les chefferies où ils perçoivent entre 500 et 3000 shillings ougandais ( 350Fc à 2.200Fc) sur chaque passager. Ils exigent ces paiements illégaux même aux cultivateurs.
Cette situation accable la population qui n’est contrainte que de payer pour se frayer le passage et atteindre la destination, parfois le champ. Ce jeudi 11 avril 2024, quelques mamans marchandes de Mokambo haussent le ton.
Pacuryema Cécile, marchande à Pajuma qui se fait accompagner de ses enfants, dit donner une bonne partie de son gain aux militaires sur la route du marché.
« Nous ne savons pas à qui nous confier pour une solution à ce problème qui nous agace, que l’État nous aide. Nous payons même sur nos enfants qui viennent nous épauler ; si tu ne le fais pas, tu es obligé de faire marche en arrière pendant que nous allons au marché pour notre survie avec des légumes et ainsi de suite. Vous connaissez le prix du légume, je perds presque tout mon gain », s’alarme-t-elle.
Pour Pimungu Monique, c’est une déception de voir cet acte être posé par ceux qui sont censés garantir la sécurité, la paix, la libre circulation aux paysans.
« Ici chez nous, toujours de tracasserie. Nous sommes fatigués de ces militaires qui nous rançonnent à tout moment », lâche-t-elle d’un ton de colère.
Cette situation de tracasserie militaire est toujours décriée, même par l’administrateur militaire de Mahagi, mais ne s’est jamais arrêtée.
La parole de l’autorité territoriale « impuissante » sur les hommes en tenue sur le terrain.
L’administrateur militaire du territoire de Mahagi n’a jamais cessé de s’impliquer pour l’éradication de toute tracasserie militaire sur la population à travers le territoire de Mahagi. Un signe éloquent de cette implication est son message diffusé sur les radios de la commune de Mahagi dans lequel il met en garde les militaires qui tracassent la population dans des barrières, leur rappelant la prison en cas de récidive.
Le colonel Jacques Disanoa Lalua était allé plus loin en demandant à la population de ne rien donner aux militaires.
« Si un militaire te demande de l’argent, dit que l’administrateur militaire a refusé. Le militaire qui osera sera jeté en prison », prévenait-il sur des propos recueillis par nos confrères de la radio communautaire La Colombe.
Le non-respect du mot d’ordre de l’autorité territoriale n’a pas eu d’effet durable. Un regret pour la sous-coordination de la société de Mahagi dans la chefferie des Mokambo.
« Ces militaires continuent de rançonner la population à travers les barrières érigées dans plusieurs coins, notamment dans la chefferie des Ang’hal et Mokambo », regrette-t-elle.
Grégoire Thumito, qui relève l’existence de plusieurs barrières de rançonnement et la complicité de quelques autorités.
« Sur la route Mokambo-Mahagi, les FARDC ont érigé des barrières à Wi-zii et Alasi pour rançonner tous les usagers de la route, surtout les mamans au marché de Pajuma, lundi et vendredi ; au marché de Ramogi, mercredi et au marché de Kudiweka, chaque dimanche. En conversation avec un lieutenant d’une position de rançonnement, il paraît que certaines autorités sont reconnues dans cette tracasserie, car il nous a dit que cela est autorisé par des autorités », a-t-il indiqué dans un entretien avec buniaactualite.cd
Cette structure citoyenne s’interroge également si les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) sont aussi parmi les services générateurs de recettes. Elle qualifie cet acte de « plus que CODECO ».
Le territoire de Mahagi ne semble pas être le seul dans cette même situation. D’autres coins de l’Ituri subiraient le même sort, malgré l’interdiction des autorités habilitées.
Désiré Uwekmeno