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    En Ituri, les viols contre les femmes, depuis ces dernières années, sont une menace quotidienne. Même des petits enfants ne sont pas épargnés. Le premier trimestre de l’année 2024 fait de Bunia, une ville où « des femmes vivent le cauchemar jusqu’au bout ». C’est même l’épicentre.

    En Ituri, le viol est omniprésent. Plus de 229 cas de viols ont été recensés à Bunia (199) et Mongwalu (30) pour le premier trimestre de l’année 2024, soit au moins 2 femmes violées par jour. Pas étonnant pour une province qui affiche plus de 1200 cas pour l’année 2023 (recensés uniquement par la SOFEPADI). 2024 semble s’annoncer comme une nouvelle année sombre et cruelle.

    Un phénomène inquiétant qui touche toutes les tranches d’âge. Un véritable cauchemar pour les femmes. Le phénomène du viol est en grande partie le résultat de l’insécurité, mais aussi du traitement des dossiers à l’amiable en cas d’arrestation de l’auteur, indique Noëlle Alifa, coordonnatrice de la solidarité féminine pour la paix et le développement intégral (SOFEPADI).

    Dans son bureau, Alifa ne cesse de recevoir des visites, dont celles de la presse locale, pour s’acquérir de ces viols (coup et blessure, violences psychologiques, déni des ressources, violences basées sur le genre, violences sexuelles…).

    70 % des victimes sont des mineurs. À Mongbwalu et aux environs, tous les 30 cas documentés sont des violences sexuelles.

    Le dernier cas en date remonte aux premières heures du lundi 8 avril 2024 dans l’un des quartiers de la commune rurale de Mongbwalu. Deux jeunes filles ont été violées. Leur tragédie met un visage féminin sur les longues années de violences armées en Ituri, l’une des provinces de l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).

    « Malgré les efforts, les cas de viol restent encore un problème pour notre communauté », reconnaît à buniaactualite.cd, Julienne Alifa.

    À travers sa clinique gynéco-obstetrique, la SOFEPADI assure la prise en charge holistique ou complète des violences basées sur le genre ou des infections sexuellement transmissibles. Des services qui sont gratuits.

    La victime de la violence sexuelle doit se rendre dans cette clinique avant 3 jours pour éviter le risque d’une contamination, etc. Face à la stigmatisation, le choix facile à faire pour certaines victimes, c’est de se taire. Un choix qui les exposait malheureusement.

    Le destin des femmes est entre les mains des violeurs, à chaque jour suffit sa peine. Pour sortir l’Ituri de cette impasse, l’implication de tous les acteurs attitrés est une nécessité.

    D’un côté, travailler sur la mentalité de la communauté pour qu’elle comprenne qu’abuser d’un enfant est un crime, de l’autre, miser sur une justice juste.

    La SOFEPADI a même gagné certains procès dans le dossier Viol sur une vingtaine de cas traités devant les juridictions compétentes, mais « pas de réparation », au motif que « certains bourreaux sont des vulnérables ».

    « L’insécurité est le facteur qui favorise le plus ça ici chez nous », Jeanne Ndjagusi ne se cache pas. La responsable du bureau genre à Mongbwalu est dos au mur face à l’activisme des groupes armés et des bandits au cœur de cette municipalité où la criminalité est en hausse depuis le début de l’année.

    La femme, cet être humain du sexe féminin, perd de plus en plus sa valeur en Ituri suite aux exactions des groupes armés. Au-delà d’être violées, elles sont tuées par des ennemis de la paix sans procès. Une situation qui n’a que trop duré !

    Le phénomène du viol sur les femmes et les jeunes filles souligne la souffrance presque interminable que cette catégorie de personnes déjà vulnérables endure dans l’est de la République démocratique du Congo, région la plus instable du pays où des groupes armés sont à l’origine de chaos.

    Verite Johnson

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