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    L’image en portrait de Donatien, 2023 @tiers

     

    Pour cet acteur politique, l’un des plus grands défis à relever en Ituri reste le renforcement de l’autorité de l’État dans les petites entités territoriales de base. La pacification permanente, la stabilité sécuritaire et sociale ainsi que la relance de l’économie en dépendent largement.

     

    « Il est connu de tous que l’administration de notre pays accorde une plus grande attention aux provinces et aux villes, précisément à leurs chefs-lieux ainsi qu’à leurs animateurs, au détriment des subdivisions inférieures de l’État, surtout celles des milieux ruraux, que sont les territoires, communes, chefferies, secteurs, groupement, village, quartier… », a-t-il introduit avant de poursuivre :

     

    « Cette sous-administration chronique que vit la petite territoriale, généralement dépourvue des moyens humains et financiers, ne bénéficiant pas de l’oreille réactive de la hiérarchie, nuit à l’efficacité de l’État et entame grandement son crédit auprès de la population. »

     

    Dans la province de l’Ituri, cet état de lieu de la territoriale favorise à tous égards les ennemis de la paix dont « les discours séditieux trouvent facilement écho auprès de nombreux jeunes », estime cet acteur politique.

     

    Dans l’idée des causes des violences à travers l’Ituri, Donatien Kanyi Nzia souhaite un relèvement du niveau d’étude des animateurs territoriaux. Il pense aussi que parmi les causes des violences récurrentes des groupes armés, « il y a cette quasi absence de l’État dans certaines entités de notre province où ces forces du mal s’organisent et opèrent librement, surtout lorsque des enfants du milieu en sont des auteurs ou des complices ».

     

    « Il s’agit notamment de l’exigence d’un minimum acceptable de niveau d’étude des chefs; du renforcement de capacité de ces chefs par des formations relatives à la maîtrise et l’exercice de leurs fonctions ; des mesures réglementaires susceptibles de renforcer leurs compétences; des instructions conséquentes aux services spécialisés tels que la police nationale et autres qui font souvent obstacles aux chefs des petites entités territoriales au lieu de leur servir d’instrument de pouvoirs; la sensibilisation de la population au respect des autorités territoriales locales, l’application stricte des sanctions positives et négatives à l’endroit des chefs selon leur comportement; l’exigence de l’itinérence aux administrateurs de territoire et aux chefs des petites entités… », préconise t-il.

     

    Cet ancien administrateur du territoire d’Aru suggère alors le rétablissement de l’autorité de l’État pour tout Ituri.

     

    « En Ituri, les travaux de terrain peuvent être rendus difficiles, voire impossibles dans des entités occupées par des terroristes étrangers ADF ou par des groupes armés locaux hostiles à la pacification. D’où l’importance des opérations militaires dans le processus de rétablissement de l’autorité de l’État en Ituri. En revanche, les acquis des opérations militaires devraient être capitalisés et consolidés par le rétablissement de l’autorité de l’État, chaque fois qu’une entité est sécurisée par l’armée et la police. Tout ceci dépend essentiellement de la vision, de la volonté et des moyens du gouverneur de province au regard de ses compétences constitutionnelles et légales qui font de lui à la fois l’autorité de tutelle et l’autorité hiérarchique, respectivement des entités territoriales décentralisées et celles déconcentrées », a-t-il conclu.

     

    Etsoni Ondoa Isaac

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