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    Désigné à la tête de la société minière de Kilo-Moto depuis le 05 septembre 2017, le professeur Upio Kakura Wapol s’est confié à la presse de Bunia ce mercredi 03 juillet 2019 pour aborder, à bâton rompu, toutes les questions liées à sa gestion, à sa suspension ainsi qu’à sa vision pour la relance de la Sokimo, ce geant minier de l’Etat congolais, dont les concessions se situent à cheval entre les provinces de l’Ituri et du Haut-Uélé.

    « À notre arrivée à la tête de la Sokimo en juillet 2017, nous avons trouvé que c’était un cadavre vivant. Le tableau était sombre, pas de production, un personnel pléthorique, vieillissant et sous-qualifié et des concessions minières non certifiées. Bref, les trois facteurs de production n’étaient pas réunis » explique-t-il d’entrée de jeu à buniaactualite.com, poursuivant que l’une de ses premières démarches a été d’initier un audit conduit par une firme étrangère pour voir comment refaire de Sokimo un opérateur minier.

    « Selon la feuille de route que j’avais reçu du gouvernement lors de ma désignation comme Directeur Général, il fallait remette l’usine de production de Nizi en service puis passer à la prospection de tous nos gisements. Il fallait aussi faire un travail de relecture des contrats, notamment avec Kibali Gold Mines, Mungwalu Gold Mines, Giro, y compris même Mazoka. Enfin on devait travailler sur l’assainissement des effectifs » confie Kakura Wapol.

    Le résultat de cet audit n’etait pas encore mis en oeuvre quand tout à coup il a été suspendu de ses fonctions.

    Concernant l’usine de production d’or de Nizi que ses prédécesseurs venaient de construire avec un coût total de 5,5 millions de dollars, le DG Kakura affirme avoir résilié le contrat avec la société tanzanienne Mazoka, qui était chargée de faire fonctionner l’usine.

    « C’était un contrat léonin. Ils ont produit 1 kg en deux mois, mais ils nous facturaient 150.000 dollars chaque mois. Quand nous avons résilié leur contrat et employé nos propres géologues et opérateurs, la production est passée à 4 kg » indique-t-il, ajoutant qu’à son départ, il a laissé 11 kg d’or dans les coffres de la Sokimo.

    Ceci a donc amené le nouveau directeur à procéder à la relecture des contrats avec toutes les sociétés privées, notamment MGM et Kibali.

    « Nous avons décelé l’existence d’une association entre Sokimo et Fimoza, mais aucun contrat ne liait Sokimo a MGM, ce qui remet juridiquement en cause l’existence légale de MGM »

    Il explique qu’à la naissance de MGM, il était indiqué que Sokimo devait 500 millions de dollars à AGK la filière mère, ce qui signifie que Sokimo ne devait rien gagner jusqu’au payement de cette dette.
    Avec Kibali, il indique que Sokimo n’a pas des informations financières sur ce partenaire. Ce dernier lui présente des résultats toujours négatifs. D’où la chance pour Sokimo de toucher les dividendes c’est en 2032.

    « Nous avons regardé tous les chiffres, Kibali ne paye même pas 1dollar à Sokimo. Nous avons alors saisi la justice pour obtenir la désignation d’un expert pouvant auditer et éventuellement amener à la dissolution de Kibali comme ses capitaux sont toujours déficitaires. Les moyens générés par cette opération permettraient de faire face aux dépenses sociales( mise à la retraite d’au moins 780 agents) et d’investir dans notre propre production » soutiens M. Kakura.

    À propos de sa suspension de trois mois, dont l’échéance est d’ailleurs déjà dépassée, il dit qu’il avait refusé de signer un accord qui lui paraissait léonin entre MGM et Vector Ressources, ce qui lui avait vallu une sanction de la part de sa hiérarchie.

    « Je suis mandataire public, désigné par l’Etat. J’avais refusé de signer un contrat léonin qui bradait les ressources de Sokimo, j’ai assumé les conséquences. Ma mission était de refaire de Sokimo opérateurs minier, je suis conscient d’avoir refusé de signer, j’ai refusé d’être complice d’un contrat qui privait l’État et la province des recettes. Je venais d’adresser un recours, si l’État estime qu’il peut encore me faire confiance, merci » a dit le DG Upio.

    Quant à la relance tant attendue de la Sokimo, il recommande la mise en place d’une gouvernance de changement.
    Selon lui les atouts existent, il y a un actif minier, des gisements.

    « Il faut trouver des ressources financières pour certifier notre actif minier, nos réserves et les mettre en valeur. Il faut aussi que l’État investisse et que l’on puisse revoir la situation du personnel » souligne-t-il.

    Il invite même le gouvernement provincial à investir dans Sokimo pour sa relance, avant de conclure:
    « Sokimo n’est pas condamné à disparaître. L’Ituri doit saisir la main tendue du Chef de l’État pour sa relance »

     

    La Rédaction

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