Depuis l’avènement de l’état de siège, les autorités ont pris l’habitude de présenter des présumés criminels arrêtés dans diverses circonstances devant la presse et la population au Nord-Kivu comme en Ituri. Pourtant, juridiquement ces présumés criminels, bénéficient encore de la présomption d’innocence. Mais cette démarche est-elle légale ?
Selon Maître Juslain Syahuswa, Juriste et Avocat en ville de Beni, cette question reste paradoxale d’autant plus que d’un côté la loi garantit le droit à l’information et de l’autre la même constitution garantit une présomption d’innocence à ces personnes.
“La constitution garantit le droit à l’information mais aussi quand les journalistes viennent recueillir les informations , la police doit leur donner des preuves pour croire, mais ce qui est comme inquiétude, de l’autre part la constitution dans son article 31 garantit le droit à la vie privée. Même si quelqu’un est dans des faits inffractionnels, dès qu’il est encore présumé innocent, il a droit à sa vie privée ” nous a répondu Maître Ghislain Syahuswa.
Selon la même source, il serait plutôt une «grave erreur» pour les journalistes de déformer ou dénaturer une information liée aux personnes arrêtées pour différentes fins.
“Pour prendre ces genre d’images, il faut avoir la permission de l’autorité compétente à la matière. Les images prises doivent être collées à l’information pour éviter des commentaires dénaturés” a-t-il poursuivi.
«On est plus vu comme au par avant dans le quartier»
Jordan Gatanga fait partie des personnes qui avaient été arrêtées au quartier Ngongolio, comme étant un jeune manifestant. D’après ses témoignages a buniaactualite.cd; après plusieurs coups, il a été amené à l’état major de la police ou il avait été présenté devant la presse et ses vidéos ont été partagées à travers les réseaux sociaux.
“C’était stressant de me voir sur internet présenté comme un voyou et ça m’a tellement démoralisé jusqu’à ce que le jour où je sois sorti, j’ai voulu voyager pour me détendre ailleurs pendant que les choses se calment” témoigne-t-il.
Depuis lors, il «n’est plus vu de la même façon» dans son quartier et vit dans la peur de rater les opportunités suite à cet incident malheureux.
“Moi personnellement j’ai peur car être comme ça c’est déjà au mauvais début dans la vie . Je peux être un jour une grande personnalité dans la vie mais ils feront ressortir cette veille vidéo et on dira que j’étais un malfaiteur. Du coup, je loupe un bon poste à cause de ça” regrette Jordan.
De la responsabilité du journaliste
D’après Maître Ghislain, il est vrai que le journaliste a le devoir d’informer la population mais doit aussi apprendre à avoir l’alternative en cas d’une information dans ce sens.
“Cette diffusion deviendra un deli si elle continue même après que la personne soit acquittée par une autorité compétente à la matière” prévient-il.
Il existe aussi d’autres astuces comme floutter les visages des présumés ou suspects présentés par les services de sécurité. Il en est de même pour des enfants soldats,…
Samuel Isenge