« C’était le 1er décembre 1999, lorsqu’un grand massacre se commet dans la localité de Bambu, située à une quarantaine de kilomètres au nord de Bunia. La seule radio qui émettait dans la ville se trouvait entre les mains des rebelles et ne pouvait pas donner une information impartiale. Il y avait donc un réel besoin d’informer, nous avons lancé un hebdomadaire que nous avons nommé journal la révélation » affirme-t-il, en se rappelant des personnes sur lesquelles il a dû compter pour réaliser son projet
« Mon père Unen Mican était journaliste formé en Belgique avec ses amis Gule Bavida, un grand technicien radio et Claude de Saint Amant, un religieux de la congrégation des frères de l’instruction chrétienne. C’est avec eux que nous avions eu l’idée de lancer une chaine de radio indépendante comme la presse écrite ne pouvait pas atteindre toutes les couches de la population. Nous n’avions pas d’argent pour acheter un émetteur neuf, nous avions alors rassemblé de vieux matériaux que le technicien Gule Bavida ramassait par-ci par-là. Nous avions réussi à émettre notre premier signal le 13 novembre 2001 avec une petite puissance qui couvrait à peine la ville de Bunia »
Le rôle joué par ce media est considérable, affirment à l’unanimité quelques habitants que nous avons rencontré car selon eux, la RCR était l’unique media indépendant qui émettait dans une ville en feu et en sang et ses journalistes ont pris le risque de rester neutres, ce qui leur a d’ailleurs valu une reconnaissance internationale comme raconte encore une fois M. Pituwa :
“Au vu de ce courage que nous avions de monter une radio à partir de vieux carcasses ramassées et qui a contribué à la réconciliation et la pacification, One World Trust, une prestigieuse organisation britannique a décerné à la RCR le prix Special Media Award 2004 qui était remporté par la BBC l’année précédente. Nous avions également signé plusieurs partenariats avec des organismes du système des Nations-Unies, la force Artémis, la Monusco et plusieurs autres »
Bien que les défis auxquels la radio reste confrontée sont énormes, notamment la tracasserie administrative, son directeur se félicite cependant se du bilan réalisé :
« Rares sont les radios à Bunia qui fonctionnent dans leurs propres installations, avec un équipement bien en place. Aussi, le nombre de personnes qui sont passées par nous c’est un autre élément de fierté. En 16 ans nous avons formé plus de 30 journalistes de renommée et environ 200 animateurs. Notre grande vision aujourd’hui c’est de nous doter d’un programme télévisé acheté avec les contributions de la communauté. A part la mission d’informer, nous voulons aussi encadrer la jeunesse avec la construction d’une école de football dans notre concession de Ndibe » conclu-t-il sur un ton rassurant.
La Rédaction