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    C’est désormais une réalité à Bunia, la capitale provinciale de l’Ituri. Le prix de l’essence a sérieusement pris de l’ascenseur. De 4000 FC il y a seulement quelques jours, 1 litre d’essence coûte 10.000 FC chez les revendeurs à la sauvette. Observée depuis la matinée de ce mercredi 22 novembre 2023, cette situation bouleverse déjà la vie des habitants de cette partie du Nord-Est de la République Démocratique du Congo (RDC).

    Madame Gisèle est une revendeuse du carburant sur le boulevard de libération de Bunia, sa principale activité commerciale. Ces derniers temps, acheter ne fût-ce que 20 litres de l’essence au niveau des stations-service est devenu un casse-tête, pour ne pas dire impossible. “ Pourquoi nous mettons le prix à 10.000 FC ? C’est simple. L’essence est devenue presque introuvable à Bunia. Les stations refusent de vendre en grande quantité ”, a-t-elle expliqué à buniaactualite.cd

    La quasi-totalité des stations-service à Bunia demeurent fermées. Les rares qui sont encore ouvertes sont inondées par des motos et véhicules. Les accès y sont difficiles. Il faut patienter plusieurs dizaines de minutes, voire des heures pour parvenir à acheter de l’essence. “ Je suis ici depuis 30 minutes, j’attends mon tour ”, explique un taximan moto rencontré au niveau d’une station-service. “ C’est un manque à gagner. Le temps c’est de l’argent, mais je suis obligé de le gaspiller ici ”, regrette-t-il.

    Conformément à la récente décision du président des pétroliers en Ituri, le prix normal d’un litre d’essence à la pompe devrait varier entre 4000 à 5000 FC. Jusqu’à ce mercredi matin, les quelques stations-service ouvertes semblent respecter ce tarif, mais elles ne parviennent malheureusement pas à satisfaire tout le monde, suite à la hausse de la demande. “ Je ne peux pas te répondre, on a pas de temps à perdre. Ce n’est pas facile de servir tout ce monde, il y a trop de pression ”, explique un travailleur au sein d’une station.

    Ceux qui ne sont pas patients sont obligés d’aller se ravitailler auprès des revendeurs à la sauvette, connus principalement dans la région sous l’appellation de « Kadhafi ». Là, c’est une autre affaire de tarification. Un litre se négocie entre 8000 et 10.000 FC. “ Avec cette allure, nous risquons d’aller même à 15.000 FC s’il n’y a pas de solution cette semaine ”, craint Junior, un revendeur du carburant.

    Dans l’entre-temps, c’est la population qui paie le grand prix. Le prix du transport a grimpé. Une course à taxi-moto qui se négociait à 1000 FC, est passée à 2000 voir 3000 FC. “ Comment voulez-vous que les gens puissent vivre dans ces conditions ?”, s’interroge une femme marchande. “ Notre vie est bouleversée. On ne sait plus comment se déplacer, comment les enfants vont manger ? Il faut que ça change ”, a confié un père de famille, qui dit se trouver dans la difficulté de mieux assurer sa responsabilité de père.

    Des lamentations sont enregistrées de part et d’autre. Les taximen voient leur principale activité de taxi touchée. “ Il n’y a plus de recettes. Les gens ont peur de prendre le taxi, ils disent que c’est trop cher ”, regrette un jeune taximan.

    Sur le marché, il s’observe aussi la hausse des produits de première nécessité. Les raisons sont quasiment les mêmes.

    A la base de cette situation, le délabrement exagère de la route nationale numéro 27 depuis la reprise de cette saison pluvieuse. Selon le responsable de l’association regroupant les exportations des produits pétroliers en Ituri, plus de 150 camions sont toujours bloqués entre Jina et Pitso. Les camions citernes ne savent plus avancer.

    David Ramazani

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