En visite en République démocratique du Congo (RDC), le Secrétaire général adjoint des Nations unies pour les opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, a signifié aux autorités congolaises, que la MONUSCO devrait se retirer du pays en proie aux conflits, aussi rapidement que possible. Mais il ne s’est pas arrêté là. Il a aussi exhorté l’État congolais à intensifier sa réponse aux groupes armés, afin d’éviter de créer un vide sécuritaire.
A priori, on ne saurait donner tort à Jean-Pierre Lacroix qui souhaite une sortie responsable des Casques bleus du pays de Patrice Lumumba. En effet, l’armée congolaise qui donne l’impression d’avoir du sang de navet, a fait la preuve qu’elle ne peut pas protéger sa population contre les exactions du M23.
C’est dire si le retrait de la MONUSCO pourrait exposer davantage les pauvres populations aux atrocités des groupes armés. Mais dans le fond, l’attitude de l’ONU n’est pas exempte de critique. Bien qu’elle dispose de seize mille hommes en uniforme et constitue la mission la plus coûteuse au monde avec un budget annuel d’environ 1 milliard de dollars, la MONUSCO est incapable d’apporter la paix aux Congolais. C’est d’autant plus vrai que sa présence n’empêche ni les multiples viols ni les multiples tueries dans l’est de la RDC où elle est déployée depuis 1999.
La déception de la population de cette région est si grande qu’elle a fini par réclamer le départ pur et simple de cette mission onusienne. Même l’État congolais qui a longtemps joué la carte de l’apaisement, s’est finalement résolu à aller dans le sens des populations. Tout laisse croire que l’ONU ne joue pas franc-jeu en RDC.
Le défi sécuritaire reste un boulet au pied du président Félix Tshisekedi
Plutôt que de lui donner les moyens de combattre efficacement les hors-la-loi, elle préfère mettre la RDC sous embargo, et ce, pendant vingt-deux ans. Et ce n’est qu’en décembre 2022 qu’elle a décidé d’assouplir l’embargo sur l’exportation d’armes vers la RDC. L’ONU est d’autant plus blâmable qu’elle a les moyens de mettre fin à la souffrance des populations.
À preuve, avec un mandat robuste, la MONUSCO a contribué à réduire la voilure du M23 en 2013, alors que cette rébellion progressait la fleur au fusil, pour déloger Joseph Kabila du palais de Marbre. Mais voilà que dix ans plus tard, ce mouvement a repris du poil de la bête au point de devenir presque invincible.
En tout cas, ni les Forces armées congolaises ni la force régionale est-africaine ne sont parvenues à bouter hors des frontières de la RDC, le M23 et ses alliés. Cela dit, Jean-Pierre Lacroix sera-t-il entendu ? Autrement dit, la RDC saura-t-elle prendre ses responsabilités ?
On attend de voir. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le défi sécuritaire reste un boulet au pied du président Félix Tshisekedi et il aurait tort de ne pas s’assumer. En tous les cas, s’il souhaite briguer un nouveau mandat à la présidentielle de décembre prochain, il n’a pas d’autre choix que de se montrer à la hauteur des défis du moment. Mais, ce n’est pas une mince affaire, car il faut bien le dire, la RDC est victime des immenses richesses dont regorge son sous-sol, puisqu’elle suscite les convoitises de ses pays voisins.
Avec mediacongo.net