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    Depuis la matinée du lundi 05 décembre 2022, la population de la ville de Bunia et environs vit sous une « inquiétude grandissante » compte tenu de la situation sécuritaire quasi instable et incertaine.

    Au moins 4 personnes sont déjà mortes dans cette situation « confuse » dans la région de Solenyama ( Irumu), à la périphérie de la capitale provinciale de l’Ituri. Du coup, chaque jour ou presque, il s’observe un déplacement massif de la population vers le centre de la ville de Bunia. Des habitants qui disent craindre pour leur « sécurité ».

    Nous avons peur. Il vaut mieux fuir que de se voir tué sauvagement. Tout le monde a peur de ce qui peut surgir ”, a laissé entendre ce mercredi, un père de famille qui a quitté la région de Solenyama avec sa femme et ses 5 enfants pour Bunia. Il a été accueilli dans une famille d’accueil, comme d’ailleurs c’est le cas pour plusieurs centaines d’autres nouveaux déplacés.

    Dans la ville même, la peur gagne certains habitants. Ce mercredi au petit marché de l’abattoir industriel de Bunia, aux environs de 14h, une femme marchande a stoppé avec la vente de ses articles en pleine journée au lieu d’aller jusqu’au soir comme d’habitude. Interrogée, elle a affirmé qu’elle était prise de panique.

    J’habite le quartier Bigo mais je travaille ici vers l’abattoir. Je viens d’être alerté par ma fille qu’il y a eu plusieurs coups de balles entendus vers là. Je pense qu’il est prudent de retourner à la maison tôt avant que le pire n’arrive ”, a-t-elle témoigné.

    Certains établissements scolaires ont décidé de fermer momentanément leurs portes par mesure de précaution. Depuis mardi, il y a même des parents qui refusent « formellement » à leurs enfants de rejoindre le chemin de l’école, craignant le revirement de la situation.

    Pendant ce temps, dans des quartiers périphériques de la ville de Bunia, plusieurs personnes affirment vivre dans la peur. Beaucoup ont même fait déplacer leurs enfants et certains de leurs biens vers la ville, et d’autres n’y passent plus nuit.

    Vous savez, les enfants ne vont plus à l’école. Depuis mardi, nous avons tous peur ici. Plusieurs personnes ont déjà quitté. Que Dieu nous vienne en aide ”, a indiqué un habitant de Kasegwa, joint au téléphone, affirmant que la même situation est observée vers Bembeyi, Mudzipela, Kolomani, Nzere et autres.

    Des tirs nourris d’armes à feu sont entendus à la périphérie de Bunia même dans la ville depuis mardi, « inquiète » de plus en plus la population. Ces coups de balles ont été entendus aussi aux environs de 22h, heure locale, de ce mercredi 07 décembre 2022.

    Dans la série de réactions, l’on a noté celle de la coordination provinciale de la société civile de l’Ituri qui ne souhaite pas voir cette tension puisse prendre une connotation communautaire. Ainsi, par le biais de son coordonnateur ad intérim, il a invité les forces de défense et de sécurité à mieux jouer leur rôle.

    Mardi soir, le gouverneur militaire de la province de l’Ituri, le lieutenant-général Luboya N’Kashama Johnny a condamné cette tension. Il appelle au calme toute la population car, rassure-t-il, les forces de défense et de sécurité sont renforcés sur terrain pour rétablir l’ordre et que les auteurs seront poursuivis.

    J’invite toute la population au calme ”, a dit le lieutenant Jules Ngongo, porte-parole des opérations militaires en Ituri, relayant les propos du patron de l’état de siège.

    Ce mercredi, la journée a été réservée aux différents messages de paix pour notamment rappeler toutes les communautés à privilégier la cohabitation pacifique et le vivre ensemble.

    A Nzere, les présidents des jeunes de deux communautés Hema et Bira ont promis leur contribution pour le retour de la paix et la quiétude dans cette partie de l’Ituri. Promesse faite lors d’un meeting populaire tenu dans le groupement Bandjabulu par l’administrateur militaire du territoire d’Irumu et le commandant de la 32eme région militaire.

    Ces deux autorités ont sensibilisé les communautés Bira et Hema à une cohabitation pacifique. Le colonel Siro Nsimba a aussi appelé la population au calme et à ne pas se rendre justice.

    Les machettes sont faites pour être utilisées aux champs, pas pour tuer. Nous ne voulons plus entendre parler de tuerie à Irumu. Les jeunes qui veulent rejoindre l’armée, la porte est ouverte et non pas de se transformer à des miliciens ”, a insisté cette autorité territoriale.

    A noter que des groupes d’individus se disputent depuis le week-end le contrôle d’un gisement d’Or découvert dans une parcelle privée. Dans cette région habitée majoritairement par des membres de la communauté Hema et Bira, la tension est restée vive lorsque chaque partie a souhaité s’accaparer cette matière précieuse.

    Les différents appels au calme n’ont pas, jusque-là, « apaisé totalement » la population de Bunia surtout quand des tirs d’armes se font entendre ça et là. Les autorités urbaines ou celles de la police n’ont pas encore communiqué sur cette « situation confuse ».

    Joseph Berocan

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