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    Le présumé assassin de l’américain Michael Sharp et de la suédo-chilienne Zaida Catalan, deux experts onusiens, est passé vendredi aux aveux, 6 ans après, à l’Auditorat général de Kananga, Kasai central, en République démocratique du Congo, a appris l’ACP de la Commission nationale des Droits de l’homme.

    « Lors de cet interrogatoire, Monsieur Kazumba Luaba, alias « Lance-roquette », est passé aux aveux en précisant que c’est bien lui qui avait tiré sur les deux experts, et par la suite, coupé la tête de l’une des victimes, avant de l’emporter, pour la présenter aux commanditaires de cet ignoble crime », lit-on dans ce communiqué de la CNDH, signé par son président Paul Nsapu et parvenu samedi à l’ACP.

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    C’est dans le cadre de ses attributions, que « la CNDH, par le canal de son président, a pris part le 21 avril 2023 à 16h 15, sur invitation de l’Auditorat général des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) à une séance d’interrogatoire de Monsieur Kazumba Luaba, alias « Lance-roquette », âgé de 26 ans, auteur présumé de l’assassinat de Monsieur Michael J. Sharp et Madame Zaida Catalan, experts de l’ONU », note le communiqué de cette structure étatique reconnue par la constitution.

    La CNDH-RDC, tout en encourageant la justice militaire à poursuivre le procès enclenché par le double assassinat de ces experts onusiens, a recommandé à celle-ci de tenir compte des conditions carcérales du suspect.

    Le mouvement insurrectionnel « Kamuina Nsapu »

    Le double assassinat des experts de l’ONU s’était produit, le 12 mars 2017, alors qu’ils enquêtaient sur les massacres à grande échelle de la population de l’espace Kasaï, partis du mouvement insurrectionnel de Kamuina Nsapu.

    Cette insurrection avait causé plus de 3.500 morts, selon l’épiscopat catholique congolais, et poussé à l’exode de milliers des Kasaïens en Angola.

    Victimes des mesures migratoires draconiennes du gouvernement angolais, ils sont repoussés aujourd’hui, manu militari, vers la RDC, leur pays d’origine, principalement par la cité de Kamako, poste frontière situé à quelques kilomètres de Tshikapa, province du Kasaï.

    Il s’ensuit une crise alimentaire sur toute l’étendue de l’espace Kasaï, la production agricole ayant subi des conséquences de la barbarie des miliciens Kamuina Nsapu. La survie de la plupart des villageois est tributaire de l’aide humanitaire.

    La rébellion « Kamuina Nsapu » est un conflit qui a opposé, de 2016 à 2019, les partisans de la « famille royale Kamuina Nsapu », lignée de chefs coutumiers de Dibaya, en RDC, aux forces de sécurité.

    Le conflit s’est ensuite étendu sur l’ensemble de l’espace kasaïen, qui regroupe les provinces du Kasaï, Kasaï Oriental, Kasaï Central, Lomami et Sankuru.

    Lors de cette révolte, les partisans de Kamuina Nsapu sont allés, de la vengeance de leur leader assassiné par les forces de défense, aux revendications politiques non clairement élucidées.

    Plusieurs milliers d’enfants soldats ont été enrôlés, et les affrontements ont causé la mort de centaines, voire des milliers de personnes, ainsi que l’exil de plus de deux millions de Congolais, selon des organisations de la société civile.

    49 condamnés à mort dans le procès

    49 personnes avaient été condamnées à mort en janvier 2022 au procès de meurtre de deux experts des Nations unies en République démocratique du Congo (RDC) en 2017, après quatre ans de procès.

    Les 146 pages de l’arrêt lues par le président du tribunal, le général Jean Paulin Ntshayokolo, avaient repris les 49 condamnations à mort, essentiellement contre d’anciens miliciens du mouvement Kamuina Nsapu. Pendant ce temps, certains d’entre eux meurent en prison.

    Le colonel Jean de Dieu Mambweni, « accusé d’avoir envoyé les deux experts de l’ONU dans un piège et d’avoir armé leurs assassins », selon les médias internationaux, avait écopé pour sa part, dix ans de prison.

    Outre le meurtre des enquêteurs de l’ONU, Zaida Catalan et Michael Sharp, leur interprète et chauffeur congolais sont portés disparus jusqu’à présent.

    Deux prévenus, dont le journaliste Trudon Raphael Kapuku, avaient été acquittés.

    Avec ACP

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