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    C’était un certain lundi 03 Mai 2021 que le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi instaurait l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et Ituri pour mettre fin à l’insécurité qui battait son record dans ces entités. Un régime militaire, entré en vigueur 3 jours après, soit le 06 mai de la même année. Deux ans plus tard, Ituri, une province potentiellement riche continue de voir le sang de ses fils couler ça et là.

    « Sans état d’âme », Lieutenant-Général Luboya N’Kashama est l’homme fort de l’état de siège en Ituri. L’effort « aussi louable » de son équipe sur le plan sécuritaire, n’a pas suffit jusqu’ici pour complétement anéantir les groupes armés locaux comme étrangers opérant en Ituri. Synonyme de la continuité des « tueries » ou « massacres » des civils à travers cette province placée sous son autorité. Une insécurité qui a détérioré davantage la situation humanitaire. Plusieurs dizaines de civils vivent en déplacement, la plupart, dans des conditions déplorables.

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    Nombreux sont ceux qui estiment « d’échec » le bilan de ce régime sur le plan sécuritaire. Une tendance qui se confirme selon eux, par la tuerie en répétition des civils. Mettant en exergue, seulement les rebelles ougandais de l’ADF, Salva Ndulani, porte-parole honoraire du parlement d’enfants Grand-Nord-Kivu rapporte que 2.173 civils ont été tués par cette rébellion étrangère aux côtés de 1.188 autres civils enlevés depuis l’instauration de l’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu.

    Le mal est profond. Dieu vient à notre secours, les stratégies humaines ont échoué ”, tweet-il

    Cependant, l’état de siège en Ituri, c’est plusieurs dizaines de localités passées sous contrôle des FARDC, des nombreux miliciens condamnés, neutralisés et des réseaux criminels démantelés par les services de défense et sécurité. Aussi, à l’actif de ce régime, plusieurs civils libérés des mains des groupes armés par les FARDC.

    Sur le plan développement, l’on se souviendra de plusieurs infrastructures construites ou réhabilitées pendant ce régime spécial. Parmi elles, le complexe administratif du territoire d’Irumu, la mairie, le gouvernorat de province ou les travaux additionnels de la modernisation de la voirie urbaine de Bunia.

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    Des proches du pouvoir en place pensent « qu’il faut être de mauvaise foi ou un pessimiste impénitent pour ne pas reconnaître les efforts fournis par l’administration militaire sous le leadership de Luboya».

    L’attente au-delà de l’effort

    Des efforts ont été consentis oui mais pas suffisant pour répondre à l’attente des habitants. En tous cas, c’est l’avis de l’acteur politique Eddy Makindu.

    L’on constate aussi que l’instauration de l’autorité de l’État est quasi inexistante dans certaines localités où des milices dictent leurs lois à la paisible population. Par ailleurs, l’exécutif provincial n’a fait que mettre en garde les susceptibles impliquées dans les tueries ou des personnes qui attisent les conflits d’une manière ou d’une autre, pour la plupart des opérateurs économiques connus sans pour autant les traduire en justice ”, écrit ce jeune entrepreneur iturien.

    Des miliciens « sans état d’âme »

    Malgré l’annonce de cessez-le-feu par certains groupes armés, les tueries n’ont pas cessé. Selon les sources humanitaires et les autorités locales, depuis le début du mois d’avril 2023, des attaques armées ont fait environ 150 morts dans les territoires de Djugu, Irumu et Mambasa. Même le territoire de Mahagi jadis épargné a été affecté par l’activisme des groupes armés durant l’état de siège.

    Malgré le début du processus de désarmement, le 17 avril 2023, des attaques ne cessent d’être rapportées.

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    À l’assemblée nationale, des députés nationaux originaires de l’Ituri et Nord-Kivu ont, à plusieurs reprises, séché leur participation aux plénières portant prorogations de l’état de siège pour son «incapacité » de mettre fin à l’insécurité.

    Chez nous en Ituri (…) l’état de siège n’a pas maîtrisé ces groupes armés. Jusqu’à quand l’Ituri sera entrain d’enregistrer des nouvelles milices ”, s’interroge Christophe Munyanderu, répondant de la CRDH en Irumu

    De son côté, l’acteur politique Luc Malembe qui évoque « l’interminable problème d’effectif en Ituri », veut une nouvelle tentative pour pacifier cette province.

    Ma proposition vise à combiner les moyens militaires et non militaires mais pas à la manière dont cela a été fait par le passé. Il faudra cette fois ci tirer les conséquences des erreurs commises jusque-là et essayer de les éviter dans toute la mesure du possible”, propose-t-il.

    L’Union des associations culturelles pour le développement de l’Ituri (UNADI), a aussi proposé des voies de sortie. Janvier Bin Ekwale, président de cette structure qui regroupe toutes les communautés de l’Ituri pense qu’il faut : « Nous devons dissocier les choses, laisser les opérations aux militaires, et à l’administration aux civils ». Pour lui, il y a nécessité que le « forum de paix » promis par le président Tshilombo puisse être organisé.

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    Évaluant à 60% les réalisations de ce régime spécial, Christian Shauri, acteur politique proche du pouvoir, salue les efforts de l’état de siège. Selon lui, la vie sociale des agents de la DGRPI, Mairie ou encore ceux du gouvernorat ont été améliorée. Parmi les avancées significatives, il évoque aussi la baisse de la criminalité urbaine.

    À en croire ses propos, la milice FRPI a été « défunte» pendant l’état de siège au-delà des réalisations sur le plan développement.

    avant l’état de siège, au Gouvernorat, des toilettes poussaient l’odeur jusqu’au bureau” déclare ce coordonnateur de la structure jeune leader. Lever l’état de siège, au stade actuel, serait de tomber dans « non-Etat » ”, estime-t-il.

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    Pendant l’état de siège, évalué plus d’une fois par le chef de l’État congolais et le gouvernement, les FARDC ont même mutualisés les forces avec l’armée ougandaise pour combattre leur ennemi commun l’ADF qui, plus d’une année après reste encore cruel. Du côté du Nord-Kivu opère plusieurs autres armées sous l’EAC venues en appui.

    Rédaction

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