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    Luboya N’Kashama Johnny et Siméon Banga Tchombe, respectivement gouverneur militaire de la province de l’Ituri sous état de siège et président de l’assemblée provinciale en veilleuse, font la une des médias suite à leurs sorties médiatiques « musclées ».

    Logiquement appelé à collaborer pour le rétablissement de la paix et la sécurité en Ituri pendant ce régime spécial, ces deux gourous ( les célébrités dont les avis sont largement reconnus et respectés : NDLR) s’en donnent plutôt au jeu de ping-pong sans merci. Si l’un est qualifié d’un « politicard », l’autre est vu comme « co-fondateur » de la CODECO, la milice la plus meurtrière en territoire de Djugu depuis fin 2017.

    Qui « s’enrichit » et qui « tue »

    Le 05 janvier 2023, le lieutenant Général Luboya N’Kashama Johnny déclare n’est pas avoir des moyens nécessaires pour payer des subsides aux députés provinciaux, au motif que non seulement ces élus appellent à « l’incivisme fiscal » mais aussi reçoivent leur rémunération mensuellement au niveau national qu’il a estimé à plus 4500 dollars américains.

    Le patron de l’état de siège, disait, avoir remis la responsabilité au premier ministre pour s’occuper de ce cas, estimant que la province n’a pas assez de moyens pour payer les subsides des députés provinciaux.

    Pourtant, durant ses premiers mois à la tête de l’Ituri, le gouverneur Luboya s’était « félicité » d’avoir accru, le taux de mobilisation des recettes à travers la DGRPI, la très fameuse régie financière en province. Donnant récemment le bilan de cette administration spéciale, le président Tshisekedi a semblé « affirmer » cette version liée à l’accroissement des finances dans les deux provinces placées sous l’état de siège .

    4 jours après la sortie médiatique de Luboya, soit le 10 janvier, Siméon Banga Tchombe a réagi à ces propos et a accusé le chef de l’exécutif provincial de se « détourner » de la mission lui assignée par le chef de l’État. Selon lui, l’autorité provinciale s’est plus occupée de « chercher l’argent que de combattre les groupes armés qui sèment terreur et désolation en Ituri ». Plus tôt, l’assemblée provinciale, par le biais de son questeur, qualifiait de « chimerique » les propos du chef de l’exécutif provincial par rapport à leur émolument.

    Banga Tchombe, co-fondateur de la milice CODECO

    C’est une révélation accablante et personne ou presque ne s’y attendait. Porte-parole du gouverneur de province, le Lieutenant Jules Ngongo a chargé le président de l’assemblée provinciale qu’il cite comme co-fondateur de la CODECO, la milice, la plus meurtrière du territoire de Djugu.

    D’après cet officier de l’armée, « s’il est aujourd’hui président de l’assemblée, c’est au prix du sang de milliers de nos populations », car c’est dans leur résidence que « tout se planifie ».

    S’il y a quelqu’un, qui doit se taire et avoir honte de tenir de tels propos, c’est bien lui (Banga Tchombe) ” mentionne M. Ngongo qui voit à cet élu comme « déclencheur des hostilités à Djugu ».

    Les violons semblent bien ne pas s’accorder entre les deux institutions depuis que les députés provinciaux se plaignent du non payement de leurs subsides depuis le début de l’état de siège en mai 2021, contrairement par exemple à la province du Nord-Kivu. Le gouverneur Luboya déclarait par la suite détenir une liste des députés provinciaux instigateurs de l’insécurité en Ituri. Si Banga est l’un d’eux, pourquoi alors attendre si longtemps ?

    Le député Kakoraki y voit un échec de l’état de siège

    Pourquoi avoir attendu que le président de l’assemblée provinciale de l’Ituri se prononce sur les émoluments pour qu’une révélation soit faite », s’interroge cet élu provincial du territoire d’Irumu.

    Par ailleurs, il se questionne « pourquoi des révélations si graves ne font pas objet d’une poursuite » ? Rappellant l’arrestation des députés provinciaux Assamba et Berocan, cet élu qualifie les propos du Lieutenant Jules Ngongo d’ « un aveu de l’échec de l’état de siège en Ituri ».

    C’est donc parti avec cette crise politique entre ces deux institutions en Ituri. Une situation qui rappelle celle du gouvernement de Bamanisa et l’assemblée provinciale de Banga, ayant même conduit au déclenchement de l’instauration de l’état de siège, après la continuité des violences.

    S’il faut le rappeler, au début de l’Etat de siège, la société civile coordination provinciale et le Lieutenant Général Luboya c’était déjà livré au jeu de ping-pong affaiblissant la collaboration entre les deux parties. D’ailleurs, dans sa récente sortie médiatique, cette structure citoyenne a appelé la population à observer des journées ville morte, allant du 18 au 20 janvier 2023. L’ingénieur Dieudonné Lossa s’est aussi montré, comme ces derniers mois, « favorable » à la levée de cette administration spéciale jugée « d’inefficace » compte tenu de la recrudescence de l’insécurité qui peine à être « stoppée » définitivement.

    Verite Johnson

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