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    L’achat des médicaments en pharmacie sans ordonnance constitue un réel danger pour les habitants de la ville de Bunia. L’Ituri est plus proche d’un poison que de l’antidote.

    Les statistiques sont inquiétantes : seulement 3 pharmacies sur plus ou moins 500 que compte le chef-lieu de la province de l’Ituri sont tenues par les pharmaciens.

    Est censé tenir une pharmacie : un pharmacien de formation, c’est-à-dire celui ayant suivi la faculté de pharmacie pendant 6 ans. Il ne peut qu’être assisté par un assistant en pharmacie, à défaut un infirmier. Ce dernier ayant un rôle important de fournir des renseignements nécessaires au malade par rapport à l’utilisation des médicaments.

    Le danger pour l’Ituri, c’est que la plupart de ses pharmacies sont tenues par ceux qui ne sont pas du domaine. Un regret pour Archimède Bulonza, directeur technique du centre d’approvisionnement et de distribution des médicaments essentiels de Bunia et des Uelé (CADIMEBU), mais aussi secrétaire de l’ordre des pharmaciens de l’Ituri. Il affirme ouvertement que les habitants qui choisissent n’importe quelle officine pharmaceutique sont exposés.

    « Le grand risque, c’est l’intoxication. Vous êtes sans ignorer que tout médicament est un poison, s’il est mal utilisé », a-t-il affirmé à buniaactualite.cd. Le surdosage accidentel peut aussi être un danger quand un médicament n’est pas parfaitement utilisé.

    Les personnes qui souffrent de maladies chroniques, qui prennent des médicaments (sur ordonnance ou non) ou qui ont des allergies médicamenteuses devraient toujours consulter leur pharmacien avant de prendre un nouveau produit, qu’il s’agisse d’un médicament ou d’un produit naturel.

    Il en est de même pour les femmes enceintes et les enfants. La prise accidentelle de médicaments peut avoir des conséquences désastreuses. Et l’Ituri n’est pas épargnée. Sur l’ensemble des 36 zones de santé, elle ne compte que 47 pharmaciens.

    Il est important de rappeler : « Sans ordonnance » ne rime pas avec « Sans danger ». Un spécialiste, le cas échéant un pharmacien, est indispensable dans une officine pharmaceutique.

    À Bunia, le profil des vendeurs est dominé généralement par ceux qui ne sont ni du domaine médical, paramédical, ni moins encore du domaine pharmaceutique.

    Basé sur le profil des vendeurs de médicaments en ville de Bunia, un travail de fin de cycle de l’ISTM Bunia, défendu en novembre 2023, révélait que 5 sur 10 n’étaient pas du domaine, dans les officines pharmaceutiques ouvertes au public, particulièrement au quartier Kindia.

    À l’inspection provinciale de la pharmacie, d’autres révélations sont accablantes : aucune officine de pharmacie sur l’étendue de la ville de Bunia n’est autorisée à fonctionner. En tout cas, pas par le ministère de la Santé.

    Évariste Kipura, pharmacien, inspecteur provincial de l’Ituri nuance la pluralité des pharmacies par la feuille de route de Kisangani de 2014 autorisant même les infirmiers à ouvrir une pharmacie.

    « La procédure pour ouvrir une pharmacie est d’adresser une demande d’avis d’implantation au pharmacien inspecteur. Ce dernier doit inspecter le lieu avant de délivrer un avis favorable. Après, vous devez solliciter un procès-verbal de constat de lieu. Cela nous permettra d’envoyer votre dossier à l’hierarchie, surtout au ministre national de la santé, pour vous octroyer une autorisation d’ouverture », explique ce pharmacien inspecteur.

    Verite Johnson

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