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« Dialogue social » entre la société civile et le gouvernement provincial : échec et mat ! - Bunia Actualité
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    « Dialogue social » entre la société civile et le gouvernement provincial : échec et mat !
    La salle des plénières de l’Assemblée Provinciale de l’Ituri ©Luc MALEMBE

    Deux séances d’échanges entre la Société civile de l’Ituri et le Gouvernement provincial de l’Ituri, mi-août 2017, sur recommandation ferme du vice-premier ministre Shadari à la suite des dénonciations répétées de la première sur la mauvaise gouvernance de la province par la seconde, voilà tout. Dialogue de sourds parce qu’entre les deux parties, la suspicion est restée intacte. Si bien que la Société civile s’est retirée du processus, accusant son partenaire de mauvaise foi.

    C’est le jeudi 10 août 2017 que commença le fameux « dialogue social » entre la société civile de l’Ituri, Socit, dont le coordonnateur est Me Jean Bosco Lalo, et le gouvernement provincial conduit par Jefferson Abdallah Pene Mbaka, le gouverneur de province. Lieu choisi : la salle des plénières de l’Assemblée provinciale de l’Ituri.
    Qu’est-ce qui justifiait la tenue de ce face-à-face ? Depuis quelques mois, à la suite d’une assemblée générale tenue en mai 2017, la société civile accuse le gouvernement provincial, et nommément le chef de l’exécutif provincial, de tous les maux, bref de « mauvaise gouvernance ». Il ne se passe pas de semaine sans que les autorités du pays, notamment le président Kabila et le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur Emmanuel Ramazani Shadari, ne soient saisies par mémos et autres correspondances interposés émanant de la société civile, qui fustigent des actes de mégestion dans le chef du gouverneur.
    Cette mégestion, à en croire ces accusations, couvre divers secteurs : non réalisation des projets prévus dans le programme d’actons du gouvernement provincial ; détournement des fonds alloués par le Fonds national d’entretien routier, FONER, pour la voirie de Bunia ; passation douteuse des marchés publics ; exacerbation des tracasseries policières, administratives, fiscales et parafiscales ; détournement de la rétrocession des ETD (entités territoriales décentralisées dont les chefferies et secteurs) ; tribalisation de la vie publique, recrutement abusif et népotisme dans les services publics ; multiplication de cas de spoliation des biens immobiliers et parcelles publics ; institutionnalisation de la fraude douanière en matière d’importation des produits pétroliers et des véhicules ; etc.
    Aux dénonciations de la société civile se joignit une démarche similaire des parlementaires. Une motion de défiance contre le gouverneur de province signée par 6 députés provinciaux fut en effet déposée le 11 mai à l’Assemblée provinciale. Le rejet de cette motion par la Représentation provinciale le 5 juin, à travers une motion incidentielle contestée, raviva les ardeurs de la société civile. Celle-ci initia une pétition pour exiger le départ du gouverneur Abdallah.
    Cela coïncida avec des actes d’insécurité dans la province, dont l’assassinat de deux jeunes dans la plaine du lac Albert. Les funérailles de ces infortunés qui eurent lieu à Bunia le samedi 29 juin furent un moment de tension particulière rappelant l’ère sombre des conflits interethniques vécus dans la région.
    Un climat délétère s’installa en Ituri, la donne sécuritaire en rajoutant à l’impopularité des institutions politiques provinciales, si bien que Kinshasa se vit obligé de dépêcher sur place le ministre de l’Intérieur, Emmanuel Shadari, qu’accompagnèrent plusieurs élus nationaux. « C’est lui qui imposa au gouverneur Abdallah Pene Mbaka un dialogue avec la société civile pour décrisper la tension », confia à buniaactualité.com un acteur au fait du dossier. Selon une source de la société civile, « le vice-premier ministre avait instruit d’ailleurs que le dialogue se tienne dans les 48 heures après son départ de Bunia ».
    Mais il fallait trouver une forme à ce dialogue. Si le gouverneur tenait à ce que la rencontre se tienne à son cabinet, la société civile se cramponna à une rencontre « dans un lieu neutre ». Finalement, sur proposition de la société civile, deux facilitateurs furent désignés, en l’occurrence le professeur Bugishabako Katho, alors recteur de l’université Shalom de Bunia, et monsieur Eric Mongo, le directeur de l’ong Aciar.
    Ceux-ci établirent les termes de référence de la rencontre, à savoir son objectif, les résultats attendus, son programme, son ordre du jour, le nombre de participants, et un code de conduite des participants. Le bureau de l’Assemblée fut coopté comme observateur.
    « La coordination de la Socit a des explications sur les 13 points (…) qui doivent faire objet des débats au cours de la rencontre », tel était l’objectif de la rencontre. Quant aux participants, leur nombre était limité à 20 par parties, plus les membres du bureau de l’Assemblée provinciale. Les résultats attendus furent formulés comme suit : « Les parties prenantes élaborent un ensemble des résolutions qui devront servir comme code de conduite entre les parties pour éviter pareils différends à l’avenir ».
    A l’origine, la rencontre était prévue pour une journée. La société civile fit en premier son exposé. A la suite, le gouverneur de province sollicita et obtint un délai en vue de préparer ses réponses.
    Deuxième round, le dimanche 13 aout. Le gouverneur, suivi de quelques ministres sectoriels, présentèrent leurs réponses.
    « Dans l’ensemble, le bilan de notre gouvernement est positif », clama le gouverneur de province. Qui précisa : « Ce qui empêche plusieurs de voir ce que fait le gouvernement, c’est par ce que nous vouons les plus grandes alors que celles-ci exigent beaucoup de moyens que la province n’a pas à ce moment précis ». Et de préciser que le budget de la province est « déficitaire » parce que les recettes devant provenir de Kinshasa sont modiques. « Les recettes propres, celles mobilisées par la régie provinciale, la DGRPI, en elles seules ne peuvent couvrir toutes les dépenses », justifiait-il.
    La suite devait être constituée du débat et des recommandations. La société civile exigea la réciprocité quant à la remise des documents avant de s’engager dans le débat. Une vive et longue discussion s’engagea à ce sujet, qui aboutit à la nécessité de fournir les documents écrits des exposés des membres du gouvernement. La séance fut levée. Définitivement.
    En effet, les documents attendus se firent attendre indéfiniment. Trois jours après, la société civile lança un ultimatum de 48 heures, auquel le porte-parole du gouvernement rétorqua que la société civile n’avait pas d’injonction à donner au gouvernement, mais que les documents lui seront remis le lendemain.
    Une semaine plus tard, les documents n’étant toujours pas disponibles, la société civile se retira du dialogue. Dans une déclaration de presse, elle accusa le gouvernement provincial de mauvaise foi. Elle se dit en outre non satisfaite par les réponses des membres du gouvernement provincial : « Les trois quart des explications obtenues du gouvernement provincial n’ont pas satisfait les préoccupations de la société civile en ce qui concerne la gestion des différents secteurs de la vie en Ituri. En effet, globalement, ces explications du gouvernement provincial ont été soit floues, soit incomplètes, soit mensongères, soit tout simplement inexistantes sur certains sujets », trancha Me Jean-Bosco Lalo. Qui annonça dans la foulée la réactivation de la collecte de signatures de la pétition de la société civile.
    De sources de la Facilitation, c’est le 11 septembre que parvint le document attendu. « Trop tard », écrivit la société civile au vice-premier ministre dans son « rapport final sur le dialogue social entre la société civile et le gouvernement provincial» dont une copie est parvenue à buniaactualité.com.
    Dans ce rapport, la société civile tire la conclusion suivante : « L’ensemble des faits ci-haut évoqués sont donc les éléments constitutifs de la mauvaise gouvernance de la Province de l’Ituri. Ils témoignent à suffisance de l’incapacité de l’actuel Gouvernement Provincial à gérer l’Ituri.
    « Ainsi la Société Civile de l’Ituri se voit obligée de réitérer ses dénonciations sur la mauvaise gestion de la Province de l’Ituri par le gouverneur de province et son équipe. Elle sollicite de ce fait avec insistance auprès de la haute hiérarchie de notre pays, la prise urgente des dispositions conséquentes aux fins de mettre hors d’état de nuire ce gouvernement provincial qui hypothèque le développement et le décollage de la nouvelle province, le bien-être de sa population et l’image de la famille politique du Chef de l’Etat ».
    C’est peu dire que ce dialogue n’a pas atteint pas ses objectifs. Les débats et les discussions censées conduire à des recommandations n’eurent tout simplement pas lieu.
    Claude Pay

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