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    Trente ans de prison : c’est la peine à laquelle vient d’être condamné Bosco Ntaganda. L’ex-chef militaire de la branche armée de l’Union des patriotes congolais (UPC), l’une des milices actives dans l’est de la RDC, entre 2002 et 2003, avait été reconnu coupable le 8 juillet dernier d’attaques contre les civils, de meurtres, de viols, d’esclavage sexuel, de persécution, de déportation et de pillages, des crimes qualifiés de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre et commis sous ses ordres.

    Surnommé « Terminator », pour sa violence notoire, il a aussi lui-même participé aux crimes, en tuant notamment l’abbé Boniface Bwanalonga, un prêtre reconnu dans la communauté Lendu. Pour l’accusation, sa position de chef, sa brutalité, et son absence de remords comptent pour circonstances aggravantes.

    Conscient de l’enjeu, Bosco Ntaganda avait, au cours des plaidoiries mi-septembre, formulé des vœux pour le nouveau gouvernement congolais, l’assurant de sa collaboration dans la recherche de la réconciliation. Soutenu dans ses guerres de l’est congolais par l’Ouganda puis le Rwanda, il avait assuré, tout au long de son procès, avoir agi pour la paix en Ituri.

    Âgé de 45 ans, l’ancien chef de guerre a été reconnu coupable de 18 chefs d’accusation. La litanie des crimes que le juge a déroulés lors de l’audience face à un Bosco Ntaganda assez impassible est assez longue: coupable de meurtre, d’attaques contre des civils pour des motifs ethniques, coupable de viol, d’esclavage sexuel, de pillage.

    L’ex-commandant en second de la branche armée de l’UPC, qui était l’une des nombreuses milices qui sévissait dans la région en 2002 et 2003, est condamné en qualité de chef pour les ordres donnés lors des opérations de ratissage comme l’avaient raconté des témoins. Des opérations militaires qui visaient à s’emparer de cette région minière.

    Milicien depuis ses 17 ans

    À la lecture du verdict, le président s’est longuement arrêté sur le massacre de Kobu, où des hommes, des femmes, des enfants et même des bébés avaient été massacrés dans une bananeraie. Les juges ont aussi reconnu Ntaganda coupable de l’assassinat d’un prêtre dans la ville de Mongbwalu, qui était qualifiée de « ville des chercheurs d’or » par différents témoins.

    C’est donc presque un sans-faute pour le procureur. Presque, parce qu’à 45 ans, Bosco Ntaganda a une longue carrière de milicien, puisqu’il avait rejoint sa première milice alors qu’il n’avait que 17 ans. Il n’a ensuite jamais cessé de faire la guerre, mais les accusations de la Cour ne portaient que sur les crimes de 2002 et 2003.

    Vers des réparations pour les victimes

    Ces nouvelles audiences sur la sentence n’empêchent pas les victimes d’enclencher dès maintenant la procédure de demande de réparations. Près de 2.200 victimes ont été représentées depuis le début de cette affaire, lors des quatre ans de procès, et sont donc en droit de demander de telles réparations dont le montant et la nature seront décidés par les juges.

    La seule difficulté est que, pour l’instant, la CPI n’a pas été très efficace sur cette question.
    Le milicien Thomas Lubanga, avec lequel Bosco Ntaganda avait combattu dans l’est de la RDC, a été condamné par la Cour en 2012, mais les victimes n’ont toujours pas vu la couleur de ces fameuses réparations.

    « C’est une grande satisfaction. Ce travail qui est fait par la Cour pénale internationale vient au secours des victimes pas seulement en RDC mais aussi en Afrique, lesquelles victimes, la justice nationale ne s’en occupe pas » a confié Maître Jean-Claude Katende, président de l’association africaine pour la défense des droits de l’homme, ASADHO basée à Kinshasa.

    rfi.fr via buniaactualite.com

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