La RDC considère le M23 comme un groupe terroriste. Selon des analystes, un dialogue à moins d’un an de la présidentielle présente des risques pour le pouvoir.

Le groupe rebelle s’est certes retiré de certaines localités dans les territoires de Rutshuru et Masisi dans le Nord-Kivu, mais les rebelles du M23 restent présents dans d’autres localités. Du côté de Kinshasa, on ne change pas de ligne.

Sur la DW, le porte-parole du gouvernement congolais réaffirme qu’il n’est pas question de négocier avec le M23. Le mouvement rebelle est considéré par Kinshasa comme une organisation terroriste. Pour Patrick Muyaya, la seule issue de sortie de crise reste le processus de Nairobi auquel ne souhaiterait pas participer le M23 à cause d’un agenda militaire.

“Tous les groupes armés ayant souscrit au processus de Nairobi 4 vont continuer les discussions suivant les termes de référence définis par la facilitation parce que la finalité des groupes armés, c’est intégrer le programme de désarmement, démobilisation, réinsertion. C’est dans le cadre de ce processus que la question du M23, comme celle des autres groupes armés, doit être traitée”, insiste Patrick Muyaya.

“C’est un mouvement qui ne menace pas absolument le pouvoir de Kinshasa” (Boniface Musavuli)

Le facilitateur ouvert au dialogue avec le M23

L’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, facilitateur de la communauté est-africaine dans la crise dans l’est de la RDC a expliqué ce lundi (03.04) qu’à l’avenir un “plus grand nombre de groupes armés sont de plus en plus susceptibles d’être intégrés dans le volet politique du processus de Nairobi”. Ce processus de Nairobi doit connaître son quatrième round d’ici la fin du mois. Le M23 va-t-il y être intégré ? Difficile de le dire.

Il y a deux semaines, la délégation du Conseil de sécurité, alors en visite en RDC, a indiqué que la résolution du conflit passe par le dialogue.

Boniface Musavuli, analyste politique, spécialiste des questions sécuritaires et des droits de l’homme de la région des Grands Lacs estime que le dialogue ne fera pas taire les armes.

“L’expérience des vingt-cinq dernières années montre que chaque fois que la RDC négocie et signe un accord avec un mouvement armé parrainé par le Rwanda, non seulement la RDC se retrouve affaibli avec des infiltrations ennemies à l’intérieur des institutions, notamment l’armée, constate l’analyste. Pire, cet accord est réutilisé par le Rwanda pour relancer la guerre dans deux ou trois ans.”

Boniface Musavuli estime aussi qu’un dialogue avec le M23 peut avoir des répercussions au plan politique pour Félix Tshiesekedi. “Ce serait très désastreux pour lui, cela ruinerait sa crédibilité aussi bien au niveau interne, au niveau des électeurs, mais aussi au niveau des partenaires étrangers”, prédit l’auteur.

L’option militaire, le dernier recours

Boniface Musavuli assure que l’armée n’est pas en situation de reprendre le dessus : en tout cas pas dans les semaines et les mois à venir. Il rappelle tout de même que 99% du territoire congolais est aux mains du pouvoir de Kinshasa. Ce qui sous-tendrait que le pouvoir congolais ne se presse pas pour dialoguer avec le M23.

Le M23 avait été défait militairement il y a dix ans par l’armée congolaise avec l’appui de la Brigade d’intervention de la Monusco. Le mouvement rebelle qui dit défendre les Tutsis congolais a repris les armes fin 2021. Il réclame des négociations.

Le ministre Patrick Muyaya avertit : si le M23 refuse de souscrire au processus qui a été mis en œuvre par les chefs d’Etat, il y aura évidemment les armes.

DW/MCP, via mediacongo.net

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