Les minerais de l’Ituri ne doivent pas être un malheur pour sa population. Le leadership de l’Ituri ne pouvait pas conduire à une bataille déshonorante entre l’exécutif et certains leaders communautaires ou politiques.

Vous savez, tout acte posé par l’exécutif ou autre leader devrait mettre l’intérêt de la population en avant. Il est donc aberrant d’assister à un accrochage de langage entre le camp Luboya et le camp Thomas Lubanga pour une histoire que la population ignore complètement.

Cette situation démontre en suffisance la manière dont la population de Djugu particulièrement celle de la région minière, souffre suite à ce genre de bataille qui oppose deux milices belligérantes, notamment Codeco et Zaïre.

Ces deux milices veulent contrôler chacune des carrés miniers de Djugu en se livrant parfois à des batailles à ciel ouvert dont la principale victime est la population civile inoffensive. Ce problème devrait plutôt préoccuper au plus haut niveau, l’exécutif provincial, et voir nos leaders politiques et communautaires qui pouvaient avoir une portion de solution à ce fléau.

Johnny Luboya, le gouverneur militaire de l’Ituri, a la responsabilité de maintenir la sécurité dans cette province, et nous pensons qu’il a cette capacité et le moyen nécessaire à la faire malgré certaines contraintes. De l’autre côté, Thomas Lubanga, lui qui connaît ce qu’une rébellion, car il a été le chef d’une importante milice qui a ravagé l’Ituri entre 1999-2003, l’UPC, Union des patriotes congolais, devenu aujourd’hui parti politique, peut également jouer un grand rôle dans la recherche de la paix.

Il faut rappeler que Thomas Lubanga fut le chef de file de l’équipe de Task force, envoyé par le chef de l’État congolais pour négocier avec les groupes de milices locales actives en Ituri. Au côté de Pitchou Iribi, Floribert Ndjabu, Germain Katanga , la mission de ces anciens seigneurs de guerre a été interrompue après la prise en otage de certains animateurs, dont Thomas Lubanga, par les miliciens de la Codeco à Djugu.

Aujourd’hui, on devrait plutôt voir Luboya et Lubanga travailler main dans la main pour des solutions à la crise sécuritaire qui prévaut en Ituri, mais étonnamment, il semble que chacun ait un regard autre sur la situation et chacun ait ses priorités sur l’événement.

Genèse de Conflits

C’est à ce début de l’année 2024 que les deux hommes semblent froidement s’échanger la parole. Personne n’y prêtait vraiment l’attention. Nous sommes au mois de février. La prise de position de Thomas, le nœud de désaccord.

«…l’état de siège se transforme en un boulevard royal d’intimidation et d’arrestation », avait une fois lancé Thomas Lubanga déplorant les arrestations et les intimidations des autorités de ce régime militaire.

Cette phrase, mal digérée par le camp Luboya n’avait pas conduit à une réaction directe.

« Pendant 34 mois de l’état de siège, ils se sont détournés de leur mission, faisant ainsi des millions de morts de l’Ituri, un capital politique et financier», avait enchaîné Lubanga.

De l’autre côté, le camp Luboya a gardé tout cela au cœur. Un cœur qui finira par se libérer.

Il était aussi étonnant de voir des gens qui collaboraient aussi bien et du jour au lendemain se lancer dans des attaques mutuelles.

Le problème n’étant pas clairement connu, mais plusieurs éléments montreraient que c’est le problème du leadership et de la gouvernance de l’Ituri.

Le problème entre ces deux hommes a éclaté pendant la période électorale. Thomas Lubanga qui voyait déjà un chemin balisé pour lui dans le gouvernorat de l’Ituri, ne pouvait plus supporter voir la continuité du régime militaire . Lui qui, hier soutenait les actions de ses animateurs, sa position prise n’a pas été bien accueillie par le camp Luboya.

Thomas Lubanga a ainsi rejoint le camp de ceux-là qui ne voulaient plus de l’état de siège, notamment la société civile, l’UNADI et les députés…

Perdre un allié aussi important n’était pas envisagé par l’autorité provinciale et les coûts bas ont commencé.

La situation a dégénéré

Thomas Lubanga invalidé par la Cour d’appel à cause de son casier judiciaire pendant qu’il a été proclamé député provincial, de quoi réjouir le camp Luboya.

Thomas Lubanga ne pouvait plus rien espérer pour jeter le tablier et tourner la page. Il a choisi de rentrer à Bunia pour y rester pendant un moment. À son retour, depuis l’aéroport, on pouvait déjà constater le divorce total avec son ancien allié Luboya.

Thomas Lubanga qui avait toujours droit à une escorte cette fois-là, aucun élément de la police n’a été à son côté. Lui aussi, de son côté, voulant prouver son leadership, il s’est lancé à un marathon en plein boulevard accompagné de ses partisans. Ce jour-là, devant le bureau de l’UPC, Lubanga a de nouveau taquiné l’homme aux trois étoiles du gouvernorat de l’Ituri. La guerre ne faisait que commencer ouvertement.

Laboya à travers son porte-parole, le lieutenant Jules Ngongo a choisi la RTFI, la Radio militaire en Ituri, pour répondre aux provocations de Lubanga.

Après cela, un calme a régné entre les deux camps, chacun est resté dans sa position jusqu’à la semaine dernière où Thomas Lubanga est allé tendre la main aux autorités de l’état de siège pour solliciter son habituelle escorte pour sa descente à Kasenyi-Tchomia sur le littoral du lac Albert.

Cette demande a été rejetée sans hésitation par Luboya et jusqu’à vouloir empêcher la mission de Thomas Lubanga.

Ce rejet est apparu comme une bombe nucléaire pour les deux camps qui se sont encore lancés dans les attaques. Cette fois-ci, c’est l’état de siège qui part à l’offensive.

Toujours par son infatigable porte-parole, Luboya a accusé Thomas Lubanga de collaboration avec le groupe d’autodéfense Zaïre, une milice proche de la communauté de Monsieur Lubanga.

« Thomas Lubanga se croyait être plus malin que le service de sécurité. Il n’a jamais écrit au gouverneur militaire pour une autorisation de sortir et le gouverneur militaire n’autoriserait jamais son déplacement», lance Ngongo.

La phrase qui a fait mal, c’est lorsqu’il a affirmé que « tous les membres de Zaïre sont les partisans du parti politique de l’UPC et il veut se déplacer pour aller accomplir tout ce qu’ils se sont dit pour déstabiliser la province». C’était vraiment sec dhe!

Malgré cette sortie menaçante , Lubanga s’était quand même déplacé sans autorisation de Luboya et sans aucune escorte jusqu’à Kasenyi-Tchomia.

Et son parti UPC n’a pas manqué aussi de réagir à ces propos de Jules Ngongo , je vous épargne ici le contenu large de cette réaction.

« L’UPC invite le gouverneur militaire à assumer pleinement seul son bilan chaotique et implore sa bienveillance d’épargner Thomas Lubanga du lynchage politique gratuit». Ah oui ! 

Comme ça ne suffisait pas, aux dernières nouvelles, les deux camps ont déposé chacun contre l’autre une plainte à l’auditorat militaire, ce mercredi 26 juin 2024. La plainte de l’UPC vise Jules Ngongo qui ne cesse de lier Thomas à la milice Zaïre.
La guerre est loin d’être finie….

S’écarter de l’essentiel

Les deux hommes devraient avoir la conscience de savoir que l’Ituri ne bénéficie rien, en tout cas, de cette bataille qui n’est que déshonorante.

Ce qu’il faut savoir, les animateurs de l’état de siège ont opté pour un mode opératoire qui consiste à coller à la naissance d’un mouvement armé certains leaders politiques et communautaires qui ne marchent pas dans leurs idéologies. Il en était de même avec l’ancien président de l’Assemblée provinciale Banga Chombe, qui s’est vu collé le statut du fondateur de la Codeco parce qu’il est Lendu ou encore Kahwa Panga, une milice imaginaire vers la forêt de Berunda.

La paix, la sécurité de la population devrait être le souci majeur des animateurs de l’état de siège. Et aussi, tout le monde ne peut pas , bien sûr, aimer Luboya mais ça serait imprudent de lui mettre les peaux de banane pour voir sa chute.

La paix devrait être un travail de tous et tout le monde doit être un acteur de la paix, malgré la diversité et la divergence, parce que c’est la population civile qui paye le prix le plus lourd.

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