Aujourd’hui, la jeunesse congolaise se trouve à un carrefour entre tradition et modernité, un dilemme qui se reflète dans les comportements, les modes vestimentaires et les évolutions sociales. La question centrale est de savoir comment trouver un équilibre entre ces deux pôles. Qu’est-ce qui distingue la femme d’hier de celle d’aujourd’hui ? Les réponses à ces interrogations sont multiples et variées.
Pour Laurentine Moro, une femme active dans le domaine sportif en Ituri, la femme d’aujourd’hui est en pleine découverte d’elle-même. Elle explique : « La femme reste fondamentalement la même, mais il faut reconnaître que son potentiel n’était pas pleinement exploité auparavant, en raison d’une culture restrictive qui la cantonnait à la cuisine et lui refusait la parole dans les espaces dominés par les hommes. Aujourd’hui, le monde a compris que l’épanouissement de la société passe par l’implication des femmes. » Cependant, Moro souligne un défi majeur : « Trouver l’équilibre entre tradition et modernité n’est pas simple. Il faut une volonté sincère des hommes, qui parfois perçoivent notre combat comme une volonté de domination, alors que nous cherchons simplement une équité, un partenariat à 50-50. »
Sur le plan vestimentaire, les changements sont évidents. Si le pantalon est perçu comme plus pratique et économique, le pagne incarne une richesse culturelle et une identité profondément ancrée dans l’histoire africaine. Les rues de Bunia, autrefois dominées par les motifs colorés des pagnes, voient désormais une prédominance de jeans, de robes occidentales et de tenues professionnelles. Pourtant, le pagne demeure un symbole puissant de l’élégance et de la dignité de la femme africaine.
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Lisette Imara, une artiste musicienne de Bunia, partage son point de vue : « La femme ne doit pas rejeter la tradition pour embrasser la modernité. Elle doit préserver ses valeurs tout en profitant des avantages de la modernité. Avec l’évolution du monde, il est essentiel d’acquérir des compétences qui lui permettront de se faire une place dans la société, notamment sur le plan professionnel. » Elle souligne que la femme d’autrefois se définissait principalement comme épouse et mère, tout en conservant sa dignité malgré des limites intellectuelles imposées.
Aujourd’hui, la femme se perçoit comme capable de jouer un rôle bien plus large, en s’instruisant et en s’engageant dans divers domaines.
Nana Miriam, une évangéliste, aborde la question de l’équilibre entre tradition et modernité comme un défi quotidien. Elle propose une approche claire : « Pour trouver cet équilibre, la femme doit identifier les aspects de sa culture qui lui tiennent à cœur, adapter les traditions pour qu’elles s’alignent avec ses valeurs personnelles, et ne pas craindre d’être une pionnière dans sa communauté. » Elle observe que la femme d’aujourd’hui est souvent perçue comme plus émancipée, autonome et engagée dans la lutte pour l’égalité des sexes, reflétant ainsi les progrès sociaux accomplis au fil du temps.
Les différences entre la femme d’hier et celle d’aujourd’hui sont marquées par plusieurs aspects, selon Miriam :
– Autonomie et indépendance;
– Les femmes ont aujourd’hui un meilleur accès à l’éducation et sont plus présentes sur le marché du travail, occupant des postes variés, y compris des positions de direction.
– Droits et protections juridiques : Elles bénéficient de droits renforcés et sont plus conscientes de leurs droits en matière de santé, de reproduction et de participation politique.
– Engagement pour l’égalité : Les femmes modernes sont plus actives dans la lutte pour l’égalité des sexes, cherchant à briser les barrières culturelles et sociales.
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En somme, la femme d’aujourd’hui incarne une synthèse entre tradition et modernité, cherchant à préserver ses racines tout en s’adaptant aux exigences d’un monde en constante évolution. Cet équilibre, bien que complexe, est essentiel pour son épanouissement et celui de la société dans son ensemble.
Verite Johnson