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    Médecins Sans Frontières (MSF) a rendu public ce mardi 25 mars 2025 à Bunia (Ituri) un rapport accablant intitulé « Risquer sa vie pour survivre », dépeignant une région en proie à des violences incessantes et à des déplacements massifs de populations. Ce document met en lumière les souffrances physiques et psychologiques des civils, les obstacles à l’accès aux soins, ainsi que l’insuffisance de la réponse humanitaire.

    Un tableau sombre de l’Ituri 

    Le titre du rapport reflète la réalité vécue par des habitants de l’turi, où hommes, femmes et enfants subissent au quotidien les conséquences des conflits armés. À travers des témoignages poignants, MSF donne une voix aux victimes et dénonce les exactions dont elle est témoin dans l’exercice de ses missions médicales.

    MSF en première ligne, malgré les risques 

    Présente en Ituri depuis 2003, l’organisation continue de soigner dans un environnement extrêmement dangereux. « Les auteurs des violences ne distinguent pas entre soignants et patients. Tout le monde est une cible », alerte Alira Halidou, chef de mission MSF en RDC, appelant à mettre fin à cette situation inacceptable.

    MSF lance un appel :

    – Aux groupes armés : Respecter le droit international humanitaire (DIH), épargner les civils et faciliter l’accès à l’aide humanitaire.

    – Au gouvernement congolais : Faire respecter le DIH et renforcer le système de santé en Ituri.

    – À la communauté humanitaire : Mobiliser des fonds pour répondre aux besoins criants de la région.

    L’accès aux soins gravement compromis 

    Les attaques répétées contre les structures médicales paralysent les services de santé :

    – L’hôpital général de référence a suspendu ses activités à quatre reprises suite à des attaques (novembre 2021, janvier et mars 2023, mars 2024)

    – À Drodro, 9 centres de santé sur 19 ont été partiellement ou totalement détruits depuis 2020.

    – À Blukwa Mbi, le centre de santé a été saccagé trois fois, perdant du matériel essentiel comme la chaîne du froid.

    En décembre 2024, les violences à Drodro ont entraîné une chute de 59 % des admissions pédiatriques, illustrant l’impact direct des conflits sur la santé des populations.

    Des conditions de vie désastreuses pour les déplacés 

    Le manque d’eau potable, d’hygiène et d’assainissement dans les sites de déplacés favorise la propagation des maladies :

    – Sur le site de Rho (mars 2024), 214 personnes partageaient une seule latrine, avec seulement 11 litres d’eau par jour. Résultat : les cas de diarrhée ont doublé.

    – À Angumu (novembre 2024), certaines zones comptaient plus de 100 personnes par latrine, avec moins de 7 litres d’eau par jour.

    Privés d’aide alimentaire pendant des mois, voire des années, les déplacés sont contraints de cultiver leurs champs malgré les risques d’attaques. Les périodes de récolte, particulièrement dans le territoire de Djugu, coïncident avec une recrudescence des violences, aggravant l’insécurité alimentaire.

    À lire aussi : Blessures physiques liées aux violences en Ituri : près de 150 victimes prises en charge par MSF en une année

    Le rapport de MSF sonne l’alarme : en Ituri, survivre dans certaines zones  est devenu un combat quotidien. L’organisation appelle à une mobilisation urgente pour protéger les civils, garantir l’accès aux soins et répondre aux besoins humanitaires, avant que cette crise ne sombre davantage dans l’oubli.

    Verite Johnson

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