Le climat politique en République Démocratique du Congo reste marqué par deux événements majeurs: l’annonce par le ministère de l’Intérieur de la suspension du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), un parti issu de l’ancienne majorité et la création du mouvement “Sauvons le Congo” par plusieurs figures de l’opposition. Des évènements qui divisent encore l’opinion.
Dans un communiqué, le ministère de l’Intérieur justifie la suspension du PPRD par des « activités contraires à l’ordre public et des déclarations incendiaires susceptibles de porter atteinte à la paix et à la sécurité nationale ». Le texte précise que la mesure est prise en application de la loi sur les partis politiques.
Cette décision a provoqué de vives réactions dans l’opposition, qui y voit une atteinte à la liberté d’association. Maitre Justin Lwango, avocat du PPRD, a annoncé son intention de contester la décision devant les tribunaux, affirmant que « cette suspension est purement politique et ne repose sur aucun fondement juridique solide ».
Dans le même temps, quelques jours plus tôt, plusieurs figures de l’opposition, dont l’ancien président Joseph Kabila, l’ancien Premier ministre Matata Ponyo et Seth Kikuni du parti Piste pour l’émergence, ont lancé le mouvement “Sauvons le Congo”. Présenté par ses fondateurs comme « un appel patriotique pour défendre la souveraineté nationale », ce rassemblement est perçu avec méfiance par la majorité présidentielle.
Un individu sous couvert d’anonymat, a déclaré à l’AFP que « ce mouvement utilise un discours patriotique pour masquer une stratégie de déstabilisation des institutions ».
Ces événements ont suscité de nombreuses analyses. Les journalistes Patrick Ndibu et Rachidi Kudra estiment que ces tensions mettent la démocratie à l’épreuve.
« Suspendre un parti pour ses opinions politiques, c’est franchir une ligne rouge », a déclaré Patrick Ndibu.
De son côté, Rachidi Kudra a questionné : « Pourquoi, dans ce cas, viser uniquement Kabila ? », se référant à l’autorisation accordée à d’autres délégations, comme celle de la MONUSCO, de se rendre dans l’Est.
En revanche, des analystes proches du pouvoir, comme Dr. Sarah Mbeka, soulignent la responsabilité de l’opposition. « L’État a le devoir de protéger l’ordre public. Lorsque des partis ou des personnalités tiennent un discours frontalement hostile aux institutions, ils ne peuvent s’étonner des conséquences légales », a-t-elle affirmé.
Alors que la tension politique persiste, plusieurs acteurs, dont la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), ont appelé au dialogue entre toutes les parties pour apaiser le climat.
Grâce Kasemire

