Jusqu’à la preuve du contraire, les élections générales (présidentielle, députation nationale et provinciale ainsi que municipale) sont maintenues pour ce mercredi 20 décembre 2023 en République Démocratique du Congo (RDC). Cependant, à moins de 24 heures de cette date historique pour le pays, une question semble gagner la bouche de certains citoyens : faut-il aller voter ou pas ?
Les avis restent partagés
La campagne électorale s’est officiellement clôturée ce 18 décembre 2023. Des candidats à tous les niveaux ont défilé devant la population, en utilisant plusieurs moyens, pour battre leurs campagnes, question de convaincre les électeurs. Des candidats sans moyens n’ont pas pu engager le même exercice, d’autres ont d’ailleurs jeté l’éponge.
“ Aucun candidat président ne m’a convaincu lors de sa campagne. Ils sont presque tous restés dans des accusations mutuelles à la place de nous dire pourquoi nous devons les voter ”, regrette un chauffeur qui fréquente régulièrement la route nationale numéro 27, axe Bunia Mahagi. Pour moi, révèle-t-il, “ aller voter c’est gaspiller inutilement mon temps ”.
Interrogé, un enseignant de l’école secondaire en ville de Bunia estime qu’il n’ira pas voter. “ Vous savez, en 2018, nos voix ont été volées. Qu’est-ce qui rassure qu’en 2023 la même situation ne va-t-elle pas se répéter ?», s’interroge-t-il. Il estime que la meilleure façon de faire, c’est de rester « observateur ».
Au marché central de Bunia, buniaactualite.cd a rencontré une femme vendeuse du poisson frais. Contrairement aux autres, madame Grâce estime qu’il est nécessaire d’aller voter. “ Bien que je suis une femme commerçante, je vais stopper mes activités le 20 décembre. C’est vraiment très important d’aller aux urnes pour voter nos dirigeants à tous les niveaux. C’est mon droit et mon devoir ”, a-t-elle confié.
Bien qu’étant dans les regrets par rapport aux résultats des représentants élus en 2018, surtout des députés nationaux et provinciaux, Monsieur Baraka, un taximan moto rencontré dans son parking à Bunia, pense que “ ne pas voter c’est vouloir creuser sa propre tombe ”. Pour se rassurer d’avoir élu ses candidats et leur donner la chance de réussir, il reste convaincu que le seul moyen est “ de ne pas boycotter les élections ”.
Ce que veulent les électeurs
Dans presque toutes les parties de la République Démocratique du Congo (RDC), les attentes de la population sont quasiment les mêmes. L’eau, l’électricité, la route, l’emploi, une meilleure éducation, la stabilité de taux de change et autres.
Par ailleurs, à l’est de la République Démocratique du Congo, au-delà d’autres similaires avec les autres coins du pays, la paix reste une priorité. “ Le rétablissement de la paix doit être traité avec intérêt et au premier niveau ”, insiste un cultivateur de Djugu, devenu déplacé de guerre depuis bientôt 5 ans en ville de Bunia.
“ Quel que soit le président qui sera élu, nous voulons qu’il nous ramène rapidement la vraie paix ”, a plaidé un acteur social œuvrant dans le territoire dormir, qui s’est exprimé sous anonymat.
Ce 20 décembre, des milliers d’habitants de la province du Nord-Kivu ne vont pas élire leurs candidats préférés. Plusieurs villages sont toujours, comme il y a de cela plusieurs mois, sous contrôle du M23, une branche armée soutenue par le Rwanda selon des rapports crédibles.
“ Est-ce qu’il faut vraiment que cette situation demeure éternellement ?”, s’interroge un internaute qui dit regretter de voir que cette “ partie de la RDC est oubliée ”.
Les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, ce 20 décembre 2023, iront aux élections alors qu’elles sont sous un régime spécial depuis plus de deux ans. L’état de siège instauré pour ramener la paix, n’a pas encore réussi à accomplir « totalement » sa principale mission. Aucun groupe armé n’a été neutralisé, mais bien au contraire d’autres sont nés.
Outre cette situation particulière, le maintien ou le changement de régime ne semble pas vraiment bousculer certains citoyens congolais. “ Pour moi, un ancien ou nouveau député, l’ancien ou le nouveau président n’est pas le problème. Nous voulons que celui qui sera élu, qui qu’il soit, qu’il soit réellement à notre service nous citoyens congolais. Il y a beaucoup de problèmes à résoudre dans ce pays ”, suggère Mateso, un jeune de Bunia âgé de 20 ans qui va participer aux élections générales pour la première fois.
David Ramazani