Mauvaise nouvelle pour le gouverneur intérimaire du Nord-Kivu, province sous état de siège depuis bientôt 4 ans. Il risque une lourde sanction pénale après la chute de Goma, capitale provinciale prise par l’armée rwandaise et le M23.
Le commissaire divisionnaire Romuald Ekuka Lipopo comparaît depuis ce jeudi 13 mars 2025 devant la Haute Cour militaire à Kinshasa. Il fut vice-gouverneur policier du Nord-Kivu avant d’être gouverneur intérimaire après la mort du général-major Peter Cirimwami et avant la nomination du général Kakule Somo.
Depuis l’instauration de l’état de siège, il risque de devenir, si les charges retenues contre lui par la justice étaient avérées, le tout premier animateur de l’état de siège à avoir été condamné par la justice.
Le commandant de la région militaire et ses adjoints, le commissaire provincial de la Police nationale congolaise au Nord-Kivu font partie de ces 5 généraux de l’Armée et de la Police qui comparaissent aux côtés du commissaire divisionnaire Romuald Ekuka Lipopo.
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L’incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir ou à la discipline et la violation des consignes sont parmi les principaux griefs retenus à leur charge.
Goma et ses délires
Avant la prise de la ville de Goma, un évènement majeur est survenu au Nord-Kivu. Le décès dans des circonstances encore sombres du général Peter Cirimwami, gouverneur militaire du Nord-Kivu, province sous état de siège. Un décès survenu pendant que des affrontements entre la coalition de l’armée rwandaise/M23 contre les FARDC/Wazalendo s’intensifiaient.
Au-delà de l’annonce de son décès, le vice-gouverneur, le commissaire divisionnaire Romuald, a tenu à rassurer, le 25 janvier, la population de Goma. C’était à l’issue d’une réunion de sécurité.
« Nous sommes là, ayez confiance en nous parce que vous avez choisi que nous soyons là, et ayez confiance en vous », avait-il rassuré.
Pendant ce temps, la 34e région militaire avait encouragé les FARDC et Wazalendo à rester ferme dans les combats contre les rebelles du M23 et de l’armée rwandaise, alors que les affrontements étaient à environ 20 kilomètres aux alentours de Goma.
Ironie du sort, lors de l’annonce de la prise de Goma, des informations ont fait état du déplacement des autorités provinciales et sécuritaires vers Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu.
Lors de l’ouverture de ce procès, la justice a rappelé cette fuite à bord d’un bateau privé, « laissant les troupes sans commandement ». Des faits infractionnels selon le Code pénal militaire congolais, a appris buniaactualite.cd sur la radio-télévision nationale congolaise, RTNC.
Ce procès est différemment commenté dans l’opinion publique congolaise. Si certains soutiennent cette procédure judiciaire censée punir les premiers responsables, d’autres la trouvent injuste au regard de la détérioration de la situation sécuritaire à Goma, ayant coûté la vie à plus de 8 mille personnes, selon un dernier rapport du gouvernement congolais.
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Il faut tout de même rappeler que certains militaires des FARDC sont déjà condamnés pour fuite devant l’ennemi. Lors de la prise de Bunagana par le M23, quelques officiers de l’armée ont également été condamnés, d’autres se sont vus lourdement sanctionnés, à l’instar du colonel Lobo.
Rédaction