La Cour militaire opérationnelle de l’Ituri a poursuivi ce lundi 6 octobre 2025 l’examen du dossier relatif au massacre de Komanda, survenu dans la nuit du 26 au 27 juillet 2025, au cours duquel plus de 39 civils avaient trouvé la mort. L’audience de ce jour était consacrée aux réquisitions du ministère public et aux plaidoiries des parties.
Au cœur de ce procès, deux officiers : le colonel Gere Kengu, commandant second de l’axe opérationnel chargé des opérations et renseignements, et le commissaire supérieur adjoint Kangamina Tshabela Noël, alors commandant de la Police nationale congolaise (PNC) à Komanda. Ils sont poursuivis respectivement pour violation de consignes et vente de munitions pour le premier, et violation de consignes pour le second.
Le ministère public a requis une peine de 20 ans de servitude pénale principale contre le colonel Gere Kengu, et 8 ans contre le commissaire Kangamina Noël. Il a également demandé leur exclusion définitive de l’armée et de la police. Toutefois, concernant l’infraction de vente de munitions, l’auditeur militaire supérieur, le colonel Joseph Makelele, a estimé que les faits n’étaient « pas établis ».
Selon le ministère public, le colonel Gere aurait failli à ses obligations de prévention et de réaction lors de l’attaque. « Nous l’incriminons parce qu’il n’a pas agi ou a agi mollement », a déclaré le colonel Makelele, soulignant que la responsabilité de la mise en place des patrouilles relevait de Gere Kengu.
L’auditeur militaire a insisté sur la négligence des deux prévenus, affirmant que le colonel n’était intervenu que vers 4 heures du matin, lorsque son supérieur hiérarchique, alors en mission à Bunia, s’apprêtait à regagner Komanda.
« L’ennemi a compris que le terrain était vide », a-t-il ajouté, parlant d’un mauvais vouloir manifeste.
De son côté, la défense du colonel Gere a réfuté ces accusations, qualifiant son client de « vaillant militaire ».
Selon ses avocats, aucune consigne formelle de patrouille n’existait au moment des faits.
« On ne peut pas parler de négligence alors qu’il a agi. La patrouille n’était pas organisée régulièrement à Komanda, comme l’ont confirmé le chef de chefferie et le S2 du régiment », ont-ils plaidé.
La défense de Kangamina Tshabela Noël a, elle aussi, demandé l’acquittement de son client, soutenant qu’il n’avait violé aucune consigne. « Kangamina est innocent », ont déclaré ses avocats.
Prenant la parole en dernier, les deux officiers ont clamé leur innocence devant la Cour. « Je suis innocent et je demande mon acquittement », a déclaré le colonel Gere Kengu.
« Je n’ai violé aucune consigne. Je demande simplement mon acquittement », a ajouté le commissaire Kangamina Tshabela Noël.
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L’audience de ce lundi marque une étape décisive dans ce procès emblématique. La Cour militaire devrait rendre son verdict dans les prochains jours. Le compte à rebours est désormais lancé.
Verite Johnson

