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    Depuis peu, le nom « Jamukula Batu » est apparu en Ituri, province du Nord-Est de la République démocratique du Congo (RDC). Il est attribué à un groupe d’autodéfense dans le territoire de Djugu. S’agit-il d’imitateur ou de l’ombre de Zaïre ? Les controverses planent.

    Né en 2023 à Banyali-Kilo, d’après des sources locales, ce groupe d’autodéfense, peu médiatisé, est bien parti pour être une nouvelle menace pour l’Ituri, déjà « trop occupée » à en résoudre d’autres.

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    « Oui, ils sont plus à Kilo-État », affirme une source proche des autorités à Banyali Kilo.

    Pour le moment, peu d’informations ont filtré sur le fonctionnement de ce groupe, qualifié d’une milice par certains. Une menace de trop pour la province de l’Ituri placée sous état de siège pour rétablir la paix et la sécurité.

    En mai 2024, le député Floribert Ndjabu élu du territoire de Djugu, relayé par actualite.cd, révélait que « Jamukula Batu » a lancé une opération intitulée « Trop, c’est trop » visant à l’identification de tous les membres des autres communautés vivant à Mongbwalu.

    La « milice », comme l’identifie le média, d’après les sources locales, se réclame proche de la communauté Akongo (Nyali). Certains le rapproche de Zaïre, l’autre groupe opérant à Djugu, d’autres de Corneille Naanga.

    Dans une province où des groupes armés locaux s’engagent au processus de paix, le temps est mal choisi pour en créer d’autres, estime Christian Ngabu, président du conseil territorial de la jeunesse à Djugu.

    « Effectivement, ces gens-là sont à Banyali-Kilo. Ils se présentent comme un groupe de défense. Ce n’est pas bon pendant que les gens qui ont commencé ces troubles en 2017 ont signé un acte d’engagement. Nous devons accompagner les actes d’engagements que les différents groupes ont signés pour la paix en Ituri », exhorte-t-il.

    Appelant la « jeunesse à la retenue », Ngabu rappelle que « créez un mouvement d’autodéfense ou quoi que ce soit, ça n’a pas de sens pour le moment ».

    À Mongbwalu, l’on attribue l’enlèvement d’un cadre de la société civile l’année dernière à ce mouvement.
    Jamukula Batu, un nom déjà dans les oreilles de l’autorité territoriale.

    « Ce sont des autodéfenses qui œuvrent du côté de Banyali-Kilo. » C’est ça les Jamukula Batu. Ils existent, oui. « Djamukula Batu, c’est un surnom, un mot de passe », indique à buniaactualite.cd le commissaire supérieur principal Ruphin Mapela, administrateur du territoire de Djugu.

    Jusque-là, aucune source coutumière dans cette entité du territoire de Djugu ne s’est encore officiellement prononcée sur la naissance de cette présumée milice. Cependant, l’association culturelle Akongo Nyali, est venu renverser la vapeur.

    « La communauté Nyali-Kilo ne reconnaît pas un groupe armé se nommant « Djamukula Batu ». Néanmoins, l’opinion constate la présence, ça et là, des éléments d’autodéfense dont leurs représentants ont signé très récemment un acte de paix avec le gouvernement congolais, sous sa bannière : réagit ce lundi 10 juin 2024, le docteur Vital Tungolo Batikomo, président de cette communauté.

    Depuis décembre 2017, la province de l’Ituri, et plus particulièrement le territoire de Djugu, est affectée par des violences de grande ampleur ainsi que des violations et atteintes aux droits de l’homme. Là, le texte mis en avant est plus la « tension communautaire » entre le Lendu et Hema. Des initiatives de la paix dans la zone donnent une leur d’espoir, 7 ans après. Cependant, la milice CODECO et Zaïre détiennent encore les armes.

    Un pouvoir opportuniste des miliciens qui donne, parfois place, à la revanche, provocation, tuerie, etc. D’autres éléments tendent à nuancer l’idée d’une rivalité naissante entre ce groupe et d’autres existants à Djugu. Évoquant cette situation sécuritaire à Banyali Kilo, le gouverneur de province n’est pas clair.

    « Aujourd’hui, nous n’avons plus de problèmes avec Banyali-Kilo ou un prétendu groupe armé, en fait, c’est le même groupe Zaïre et l’autre CODECO qui continuent à semer la désolation dans les sites miniers », disait le lieutenant général Luboya N’Kashama, le 03 juin 2024 lors d’une mission d’itinérance à Kombokabo dans le territoire d’Irumu.

    Tout de même, l’autorité provinciale décourage cette pratique : « Il est temps d’arrêter ». Après la récente signature, énième, des groupes armés locaux, Ituri espère retrouver sa paix et sa sécurité dans un délai proche. C’est qui passe par le désarmement de ces miliciens à travers le P-DDRCS, qui s’active aussi.

    Cette province a été, pour rappel, l’épicentre d’affrontements entre les communautés Lendu et Hema. Un conflit, initialement foncier d’après plusieurs rapports, qui s’est transformé en une guerre. La paix, la denrée recherchée notamment par l’État de siège, manque à cette entité orientale de la RDC depuis de longues années.

    David Ramazani

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