La Convention pour la Révolution Populaire (CRP) est le nom d’un nouveau mouvement armé identifié par les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) comme étant un groupe allié au M23 dans le territoire de Djugu, plus précisément sur le littoral du lac Albert en Ituri.
Depuis une semaine, les éléments de cette milice ont lancé une attaque contre une position des FARDC à Nyamamba, entraînant des affrontements qui ont provoqué le déplacement massif des populations de Tchomia, Nyamamba et des environs vers le territoire d’Irumu, notamment à Kasenyi, considéré comme plus sécurisé. Selon l’armée, ce mouvement serait lié à Thomas Lubanga, une figure controversée de la région.
Le porte-parole du secteur opérationnel de l’Ituri, le lieutenant Jules Ngongo, a affirmé que ce groupe armé serait soutenu par la rébellion rwandaise sous le couvert de l’AFC/M23. Il a également indiqué que la CRP aurait été créée dans le but de déstabiliser davantage la province de l’Ituri, en utilisant la zone lacustre comme base stratégique.
Réactions des couches sociales : inquiétudes et appels à l’action
Cette révélation des FARDC a suscité de vives réactions parmi les différentes couches sociales, politiques et juvéniles de la province. La société civile locale, dans une déclaration datée du 8 mars, a exprimé ses craintes face à l’émergence de ce nouveau groupe armé. Pour elle, il est crucial que les FARDC agissent rapidement pour neutraliser cette menace avant qu’elle ne prenne de l’ampleur.
Dieudonné Lossa,répondant de la société civile, a déclaré à buniactualité.cd : « Je crois que l’Etat congolais devrait aider la population de l’Ituri en l’épargnant de la création d’un énième groupe armé et cela par tous les moyens nécessaires parce que l’Ituri a besoin de la paix».
Du côté des acteurs politiques, les craintes se concentrent sur le risque d’une guerre intercommunautaire. Christian Shauri, coordonnateur de la structure Jeunes Leaders d’Opinion, a souligné que ce mouvement pourrait exacerber les tensions entre les communautés locales. Il a également appelé le gouvernement central à accorder à l’Ituri la même attention qu’aux provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu en matière de sécurité.
« Plutôt ça sera une guerre communautaire parce qu’il y a ceux-là qui se réclament venir protéger les leurs comme si l’Ituri appartient à une franche d’individus...», a-t-il affirmé.
Impact sur la vie quotidienne : santé, économie et éducation
Le Conseil Provincial de la Jeunesse de l’Ituri a, quant à lui, exprimé ses préoccupations concernant les conséquences humanitaires et socio-économiques de cette nouvelle insécurité. Isaac Maki, premier vice-président du Conseil, a déploré l’impact des récents affrontements sur les secteurs clés de la province.
« Sur le plan sanitaire, aujourd’hui à Tchomia dans l’hôpital général de référence , il y a 100 lits, mais on parle de 10 malades seulement. Où sont passés les autres ? Sur le plan économique, cette zone produit des poissons, mais aujourd’hui, quel sea le marché de Bunia ? D’ailleurs, le prix commence a être revu à la hausse», a-t-il expliqué.
Pour l’instant, les personnes citées par les FARDC comme étant à l’origine de ce mouvement, notamment Thomas Lubanga, gardent le silence. Notons que ces figures ont récemment été consultées par la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) dans le cadre d’une initiative de paix et d’unité nationale, lors d’une réunion tenue à Kampala le 4 mars dernier.
Nickson Manzekele