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    L’Assemblée Provinciale de l’Ituri a publié ce mardi 15 avril une déclaration politique poignante, dressant un tableau sombre de la situation sécuritaire, socio-politique et humanitaire de la province. Les élus du peuple iturien n’ont pas mâché leurs mots pour dénoncer l' »incapacité » de l’état de siège à rétablir la paix après quatre longues années.

    Dans leur déclaration, consultée par buniaactualite.cd, les députés provinciaux soulignent avec amertume que malgré la mise en place de l’administration militaire, la province continue de sombrer dans le chaos. Ils rappellent que le gouvernement central a même dû faire appel à une armée étrangère, l’UPDF ougandaise, pour tenter de restaurer l’autorité de l’État, une mission initialement confiée à l’état de siège.

    La surprise et la désillusion sont palpables dans le texte face à la récente présentation au Conseil des Ministres d’un projet de loi visant à prolonger l’état de siège pour une durée de douze mois. Pour l’Assemblée Provinciale, cette démarche, présentée comme une solution aux prorogations incessantes, est une preuve supplémentaire que même les plus hautes instances du pays sont « fatiguées » de cette situation.

    Les élus dénoncent avec véhémence la « gestion sécuritaire, administrative et économique calamiteuse » de la province durant l’état de siège. Ils pointent du doigt la prolifération des groupes armés, les tueries incessantes de populations civiles, les déplacements massifs sans assistance, une gouvernance sans programme ni budget validé, la spoliation des biens publics et privés, ainsi que le pillage des ressources naturelles et financières de la province.

    Se faisant l’écho de la « volonté pressante » de l’ensemble de la population iturienne, exprimée à maintes reprises aux autorités nationales, l’Assemblée Provinciale réclame la « levée pure et simple » de l’état de siège, qu’elle juge responsable de résultats « négatifs ».

    Une vive inquiétude est également exprimée quant à la stratégie actuelle de l’administration militaire, accusée de diffuser via la radiotélévision FARDC (RTFI) des messages « tendant non seulement à attiser la haine mais aussi à diviser davantage les fils et filles, voire les communautés Ituriennes pour pérenniser son pouvoir ».

    Enfin, l’Assemblée Provinciale dénonce l’obstination du Gouverneur Militaire, le lieutenant général Johnny Luboya Kashama, à ne pas verser les avantages sociaux dus aux membres de l’Assemblée Provinciale et de l’exécutif Provincial en veilleuse, en violation des ordonnances du Chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.

    Cette déclaration politique marque une escalade de la frustration et de la colère des représentants du peuple iturien face à une situation qui ne cesse de se détériorer. Elle met une pression considérable sur le gouvernement congolais et soulève de sérieuses questions quant à l’efficacité et à la pertinence du maintien de l’état de siège comme solution à la crise en Ituri. L’appel clair et unanime de l’Assemblée Provinciale pour un changement de cap ne pourra être ignoré longtemps.

    A lire aussi : Malgré son « inefficacité », l’état de siège prorogé pour la 95e fois au Nord-Kivu et en Ituri

    Rédaction

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