Une nouvelle étape vient d’être franchie dans le long processus de reconstruction mémorielle et communautaire en Ituri. Moins d’une semaine après la remise officielle de la salle de paix de Rwampara, c’est au tour du territoire de Mahagi d’accueillir un symbole fort de justice et de résilience : le Centre Commémoratif de la Paix de Mahagi (CECOPAM).
Érigée dans le cadre des réparations collectives symboliques décidées par la Cour pénale internationale (CPI), cette infrastructure communautaire est le fruit du travail du Fonds au profit des victimes, mis en place dans l’affaire Le Procureur contre Thomas Lubanga et Bosco Ntaganda.
L’inauguration officielle s’est tenue le jeudi 17 juillet, en présence de plusieurs personnalités locales et partenaires. Le colonel Claude Ntumba Kalala, administrateur militaire adjoint de Mahagi, a représenté le gouverneur de province. Dans son allocution, il a salué « un projet qui dépasse le symbole pour devenir un outil concret de paix et de réconciliation».
Ce centre polyvalent ne se limite pas à une salle. Il se veut un espace vivant, ouvert aux dialogues communautaires, aux formations sur la paix, aux rencontres entre survivants, jeunes, leaders, etc. « Au-delà du devoir de mémoire, il s’agit d’un outil pour l’avenir», a insisté le colonel Ntumba.
Une réponse collective à une mémoire douloureuse
La parole a aussi été donnée aux premiers concernés : les victimes. Innocent Mokili, intervenant au nom des bénéficiaires, n’a pas caché son émotion. Il a salué un travail de deux ans qui représente « un geste fort qui restera gravé dans la mémoire collective ».
Pour Kizita Fogwe, gestionnaire du programme du Fonds au profit des victimes, la réussite de ce projet repose aussi en partie sur la collaboration étroite entre les autorités, la communauté locale et les partenaires techniques.
Une dynamique enclenchée pour l’ensemble de l’Ituri
Après Rwampara, près de Bunia, le 14 juillet, où une salle similaire a été inaugurée, Mahagi devient le second territoire à bénéficier de cette initiative. Ces salles ne sont pas des simples bâtiments : elles incarnent la mémoire des enfants enrôlés de force, des familles déplacées, des communautés brisées entre 2002 et 2003, lors des conflits qui ont ravagé la région.
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Le coordonnateur de l’Observatoire pour les droits humains (ODH), partenaire du projet, a rappelé que cette démarche repose sur deux piliers : la commémoration active et la construction d’espaces de mémoire vivants, capables d’accueillir des ateliers de formation, des groupes de parole, des expositions, mais aussi des activités de soutien psychologique.
Verite Johnson

