Depuis le 12 mai 2025, les greffiers de l’Ituri, en République Démocratique du Congo, ont durci leur mouvement de grève, réclamant avec insistance le paiement de leurs salaires, primes, promotions et numéros matricules. Face à l’indifférence persistante des autorités, ces professionnels de la justice, épuisés par des années d’attente, ont décidé de hausser le ton.
Ce lundi 18 mai, soit cinq jours après le début de leur grève, les greffiers ont exprimé leur frustration en brûlant des pneus dans la cour du parquet de Bunia. Un acte fort, destiné à empêcher à leurs collègues non grévistes de continuer à siéger. Ils ont récidivé en mettant le feu à d’autres pneus devant la salle d’audience du Tribunal de grande instance de Bunia, pour faire entendre leur cri de détresse.
Benjamin Kwanza, président des greffiers, a dénoncé une situation intenable : « Cela fait plus de 10 à 15 ans que des gens travaillent sans être payés, ni en salaire ni en prime. » Selon lui, seuls moins de 10-15 % des greffiers reçoivent actuellement une rémunération, une injustice qu’il qualifie de criante.
Les grévistes pointent du doigt une marginalisation systémique. Ils dénoncent le fait que le gouvernement continue à recruter et à aligner de nouveaux agents sur la liste de paie chaque trimestre, alors que ceux en poste depuis des années ne perçoivent rien. « Nous travaillons ventre creux », insiste M. Kwanza, qui annonce également le dépôt imminent d’un mémorandum auprès de leur hiérarchie.
Les témoignages sur place confirment l’ampleur du malaise. Une magistrate présente parmi les manifestants révèle n’avoir jamais reçu ni salaire ni prime depuis 2006. « Je revendique mon droit. Le salaire est sacré », confie-t-elle, avant d’ajouter, avec amertume : « Nous aimons notre pays, mais ça fait mal que certains soient payés, comme les magistrats, alors que les greffiers sont oubliés. »
Dans un contexte où l’État de droit repose aussi sur le respect et la dignité des acteurs de la justice, cette grève met en lumière un profond malaise institutionnel. Les greffiers de l’Ituri demandent simplement à être traités avec équité et à voir leur engagement reconnu.
À lire aussi: Ituri : Grève illimitée des greffiers de la cour d’appel, justice paralysée
L’heure est venue pour les autorités de répondre à cet appel de justice au sein même de la justice.
Rédaction