Archives

    La crise politique s’intensifie dans la province de la Tshopo. La très attendue plénière de l’Assemblée provinciale, qui devait examiner ce mercredi 22 octobre 2025 une motion de défiance contre le gouverneur Paulin Lendongolia Lebabonga, a été brutalement empêchée. Des éléments de la Police Nationale Congolaise (PNC), agissant sur ordre de la « hiérarchie », ont cadenassé l’accès au siège de l’organe délibérant dès les premières heures de la matinée, interdisant l’entrée, y compris au président de l’Assemblée, Mateus Kanga.

    Entrave démocratique dénoncée

    Ce déploiement sécuritaire musclé a mis en échec le processus parlementaire visant à interpeller le gouverneur sur sa gestion de la province. Le président Mateus Kanga n’a pas tardé à dénoncer publiquement ce qu’il considère comme une entrave directe à l’exercice démocratique.

    « Nous sommes attristés de voir que ce bel exercice démocratique auquel notre population devait assister n’a pas eu lieu, tout simplement parce que M. Paulin Lendongolia Lebabonga a décidé de refuser tout moyen de contrôle », a déclaré Kanga, rappelant un précédent refus de réponse à une question orale.

    A lire aussi : Tshopo : équipé en drone, un groupe armé s’affronte aux FARDC près de Bafwasende

    Le président de l’Assemblée provinciale, les membres de son bureau et les députés motionnaires se sont envolés pour Kinshasa, répondant à une invitation du vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur. Une démarche qui intervient alors que des informations non officielles circulaient sur une invitation de Kinshasa pour « des orientations » impliquant également le gouverneur.

    Cependant, Mateus Kanga a tenu à rassurer sur la continuité du processus. « Être appelé à Kinshasa ne veut pas dire que le problème est arrêté. C’est un moyen de contrôle conforme à la Constitution… Une fois la motion déposée, il n’y a plus moyen de faire marche arrière. La seule manière de l’arrêter, c’est le vote », a-t-il martelé, insistant sur le fait que seul un motif constitutionnel, légal ou réglementaire pourrait justifier un sursis.

    Mateus Kanga a d’ailleurs usé d’une métaphore footballistique pour clarifier son rôle, se positionnant comme « l’arbitre » garant du respect des règles du jeu parlementaire par toutes les parties, y compris le gouverneur.

    Dans une atmosphère électrique, le président de l’Assemblée a lancé un appel à la population de la Tshopo pour maintenir le calme et ne pas céder aux provocations. « Il y a des gens qui veulent voir couler le sang », a-t-il mis en garde, dénonçant un « piège tendu ».

    A lire aussi : Tshopo : quand la salle plénière de l’Assemblée Provinciale a failli se transformer en ring de boxe

    La situation a suscité l’indignation, notamment de l’artiste musicien Alesh, qui a réagi sur les réseaux sociaux. Il a qualifié les événements d’« hallucinant » et a interpellé directement la hiérarchie nationale, soulignant la souffrance de la province et la nécessité de « remettre de l’ordre dans ce cirque ».

    Cette crise institutionnelle soulève la fragilité des équilibres démocratiques dans les provinces congolaises. La suite de ce bras de fer entre l’exécutif et l’organe délibérant est désormais suspendue aux arbitrages et aux « orientations » attendues de Kinshasa.

    Rédaction

    Leave A Reply

    error: Content is protected !!