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    La question est sur toutes les lèvres à Bunia, depuis qu’une hausse exagérée et inexpliquée du carburant s’observe. Un litre d’essence qui coûtait il y seulement quelques jours 1500 FC à la pompe, a brusquement pris de l’assenseur, jusqu’à 3000 FC.

    Le Président des pétroliers de l’Ituri, Daniel Mugisa, qui répondait jeudi aux questions de la presse à ce sujet, à sa sortie d’audience lui accordée par le Gouverneur intérimaire de province, a évoqué une pénurie due à une panne au site de ravitaillement situé au Kenya, indiquant qu’un oleoduc est coupé, ce qui rend difficile le chargement des camions en direction de Bunia.

    Cette explication est cependant moins convainquante.

    Il n’y a pas que des camions de Bunia qui se ravitaillent à partir de Eldoreth au Kenya. Les villes de Goma et Bukavu en dépendent également. Mais pourquoi ici il n’y a pas pénurie de carburant ?
    1 litre d’essence coûte 1$ à Goma et à Bukavu, selon la structure des prix en vigueur et cela n’a pas changé.

    Une enquête réalisée par buniaactualite.com révèle que la raison de la pénurie des produits pétroliers en Ituri est à chercher ailleurs.

    En effet, depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau Président Félix Tshisekedi, les services douaniers de Mahagi, principal point d’entrée des produits pétroliers de la province, ont durci les mesures de recouvrement des impôts et taxes, dans l’objectif de maximiser les recettes, alors qu’un vaste réseau de fraude s’était déjà enraciné à cet endroit, entretenu par des proches du régime sortant.

    Du coup, plusieurs importateurs, longtemps habitués à passer leurs camions par des voies froduleuses et à des prix minimes, au mépris des tarifs douaniers officiels, ne sont plus capables de s’en sortir.

    Des témoins sur place affirment que plusieurs camions citernes sont visibles de l’autre côté de la frontière, incapables, faute de payement du montant exigé par la douane.

    Si la version de M. Mugisa était vraie, pourquoi alors la longue file des camions à la frontière ? Si file d’attente devait y avoir, c’est au Kenya qu’elle devait se retrouver, pas à Mahagi

    Maintenant, pourquoi le Président des pétroliers de l’Ituri a préféré taire la bonne information ?
    Deux hypothèses: soit qu’il a peur des représailles qui pourraient lui provenir de ce réseau mafieux dont les acteurs sont hautement placés et bénéficient d’une protection au sein des forces de sécurité à Bunia, soit alors il fait lui même partie de ce réseau et il a du mal à exposer sa propre nudité.

    Ce réseau de fraude, bien entretenu et connu des autorités de l’Ituri mais protégé jadis par des proches du Président Kabila, a plusieurs fois été dénoncé par la société civile locale ainsi que les responsables de la direction générale des douanes et accises, DGDA.

    Le manque à gagner occasionné par ce réseau mafieux depuis des années se chiffre à des centaines de millions de dollars, non seulement pour les recettes à caractère national, mais aussi provincial.

    La même situation est observée à Beni et Butembo où les importateurs préféraient déjà passer par l’Ituri pour profiter des prix moins chers de ce dédouanement froduleux.

    La Rédaction

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