Fouetté, séquestré, dépouillé de ses biens, Mumbere Kisomo héritier, jeune opérateur économique, tenancier d’une entreprise de lavage de véhicules à Bunia, chef-lieu de l’Ituri, province sous état de siège au nord-est de la République démocratique du Congo, est contraint de finir l’année 2024 avec des cicatrices sur son corps.
Le samedi 30 novembre 2024, dans les après-midi, des militaires, qu’il identifie comme ceux de la garde républicaine, lui ont infligé 300 coups de fouet. Ils l’ont « illégalement » détenu dans un « cachot » situé à l’aéroport national Murongo à Bunia, ceci sous l’impulsion d’un officier supérieur de l’armée, qui serait également responsable de cette unité spéciale des FARDC, témoigne Mumbere Kisomo.
À l’origine, un désagrément d’ordre technique survenu au lavage T40, dont la victime est propriétaire. En effet, pendant le lavage, les pare-brises du véhicule étaient fermés. Comme d’habitude, le véhicule doit être lavé pendant qu’ils sont fermés. Et après, pour les redescendre, il faut un peu de patience, le temps que l’eau sèche, a témoigné un proche de la victime. Incompris par les militaires qui voulaient coûte que coûte faire tourner leurs pare-brises, il a dû payer le service d’un mécanicien qui en seulement quelques minutes a réglé le problème.
« Malgré cela, ils (les militaires :ndrl) m’ont pris dans leur véhicule et m’ont embarqué vers l’aéroport, sous les ordres du colonel » qu’il a identifié comme chef de file. « Là, j’ai d’abord reçu 125 coups de fouet avant de me jeter dans leur cachot », a raconté en sanglots la victime, une trentenaire, qui ne comprend pas la raison de ce supplice qu’elle a subi.
Au-delà de ces actes, une somme d’argent estimée à 400 dollars américains lui a été ravie. Ses proches ont dû débourser 10 000 francs congolais comme « droit de prison », apprend notre rédaction.
« Quelques heures après, renchérit-il, c’est la deuxième session de Brimade. Le Colonel donne l’ordre ». Cette fois, il reçoit 175 autres coups, l’impact est visible sur son corps. Incapable de s’asseoir. Alité, il réclame juste. « J’ai déjà contacté mes deux avocats, demain je porterai plainte devant la justice militaire. » En entendant, il poursuit les soins dans une structure sanitaire de la ville.
Le commandant de la garde républicaine accusé n’est pas joignable pour sa version de fait. Des proches de la victime ne cachent pas leur intention de saisir l’auditorat supérieur militaire pour déposer une plainte contre ce présumé officier de l’armée.
Le commissaire urbain de la Police nationale congolaise à Bunia que nous avons contacté dans la soirée du dimanche 01 décembre 2024, promet de s’impliquer pour faire la lumière sur ce dossier, qu’il prétend avoir appris comme tout le monde sur les réseaux sociaux, sans suffisamment de détails.
Abordé ce lundi 02 décembre 2024 dans la matinée, l’auditeur supérieur militaire près la cour militaire de l’Ituri a donné certaines précisions.
« Il n’y a pas de plainte puisque c’est à lui de l’écrire. Mais le ministère public n’est pas limité par des plaintes. Il peut se saisir d’office. Et c’est ce que nous avons fait. Nous avons appelé le commandant GR (Garde Républicaine :ndrl) , et nous l’avons déjà entendu ici à l’auditorat… Reste à la victime de fournir les éléments probants pour que nous puissions continuer l’enquête », renseigne le colonel Magistrat Joseph Makelele, auditeur supérieur militaire, contacté par buniaactualite.cd.
Rédaction