Du 17 décembre 2017 au 17 décembre 2024, ça fait 7 ans qu’il y a eu la résurgence des violences en Ituri après un conflit interethnique de 1999 qui a occasionné la mort de plus de 50 mille personnes. Cette fois-ci, l’acteur clé, c’est la milice CODECO qui prétend défendre les intérêts d’une communauté. 7 ans après, peut-on espérer une fin de cette milice ?
À l’occasion, la rédaction de Canal Révélation s’est penchée sur les questions clés à 7 ans d’existence de ce groupe armé. Les facteurs déclencheurs des violences, les moments forts d’attaques.
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Peut-on espérer une fin de cette milice ? Tentative de réponses avec Richard Pituwa, journaliste et directeur de la radio Canal révélation (RCR), une radio communautaire émettant au centre-ville de Bunia depuis 23 ans.
Ci-dessous, buniaactualite.cd y revient textuellement, en restant fidèle aux mots de l’auteur. ⤵️
« C’est au début de 2018 que les attaques à grande échelle ont commencé, même si l’antécédent remonte au 10 juin 2017, suite à la mort mystérieuse de Florent Dudji, un prêtre catholique Lendu.
Ses frères l’ont suspecté d’être tué au couvent, malgré les rumeurs d’alcoolisme qui couraient.
En fait, il y avait absence d’une enquête sérieuse et responsable de la part de l’État congolais.
À la fin de 2017, les tensions vont résulter de l’arrestation par l’armée d’un jeune Lendu qui s’est disputé avec un soldat gouvernemental. Il aurait volé un chargeur à munitions.
Et la communauté du jeune Lendu va suspecter un sujet Hema d’avoir aidé leur frère à être identifié et arrêté par l’armée. Les mois suivants, une série d’attaques et de représailles vont être menées contre les Hema d’abord, ensuite contre plusieurs communautés comme Nyali, Okébo, Alur et autres, voire des militaires qui ont été cibles de la milice CODECO en août 2018.
Vous vous souviendrez certainement des attaques sous la direction du feu Mukwako Mambo d’abord, et puis remplacées par Justin Ngudjolo, à ne pas confondre avec Mathieu Ngudjolo de FNI.
Justin Ngudjolo qui vient en 2019 et qui s’appuie sur la CODECO, une coopérative secte agro-religieuse, ancienne alliée de la FRPI dans le territoire d’Irumu en 2019.
Les violences vont être accrues, la milice CODECO va se servir beaucoup d’armes à feu, ce qui va amener l’armée gouvernementale à lancer, en mi-2019, l’opération Zuruba avec le général quatre étoiles Tango fort.
Les bastions de Walendu Pitsi comme Wago, des Walendu Djatsi comme Mbau,… vont être bombardés. Le HCR va dénombrer plus de 500 000 déplacés.
Sous le gouverneur Jean Bamanisa, un accord va être trouvé, certains miliciens vont être cantonnés, c’est comme le cas des éléments du petit Loup de la montagne vers Ezekéré.
Malheureusement, faute de prise en charge, ils vont rentrer dans la bouse après avoir envahi même Bunia à un moment donné.
En 2020, toujours à l’époque de Bamanisa, Tseni et Ketsa vont être arrêtés. Ils sont accusés d’être des cerveaux moteurs de la milice CODECO.
Finalement, en mai 2021, Félix Tshisekedi va décréter l’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu. Et il va nommer le lieutenant général Johnny Luboya N’kashama pour mener les opérations sans état d’âme.
Trois ans après, en 2024, les députés nationaux et provinciaux élus de l’Ituri vont estimer que l’état de siège a démontré ses limites, et n’a plus raison d’être.
Pourtant, les animateurs de l’état de siège ont vanté le fait qu’ils ont réduit les violences. Plusieurs groupes armés ont déposé les armes. La circulation est devenue facile. Plusieurs éléments des ADF ont été anéantis.La ville de Bunia a même été modernisée.
Malheureusement, les violences restent cantonnées dans la zone minière où il y a des milliers de déplacés et des centaines de morts. Les attaques et représailles désormais tournent autour des carrières d’or.
Alors, peut-on espérer la fin de la milice CODECO et des groupes armés?
Tant que les opérations militaires ne sont pas généralisées avec envergure, tant que les désarmements ne vont pas prendre d’ampleur, tant que les hommes politiques vont manipuler,… les pays voisins vont en profiter. Et les milices vont s’enrichir et la guerre va continuer ».
Rédaction