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    Le 21 juin 2025, les rappeurs Alesh et Zozo Machine« membre du duo MPR (Musique Populaire de la Révolution) » ont dévoilé « Wenge Politica », un titre à la fois percutant et engagé. Plus qu’une œuvre artistique, cette chanson dresse une peinture sarcastique de la scène politique congolaise, de plus en plus déconnectée des besoins réels de la population.

    Née de la collaboration entre deux artistes reconnus pour leur sensibilité aux faits de société, la chanson joue sur l’humour et la satire, établit un parallèle entre deux univers : celui du groupe mythique Wenge Musica, connu pour ses divisions, ses polémiques et ses changements fréquents de formation, et celui de la politique congolaise, marqué par l’instabilité, les alliances jugées parfois de « contre-nature » et l’absence d’idéologie claire.

    Interprété principalement en lingala, le morceau évoque avec justesse les travers de la classe politique : injures publiques, changements constants des positions, querelles internes, projets avortés.

    « Wenge eza politique, politique eza Wenge » (en français : « Wenge, c’est la politique ; la politique, c’est Wenge »), peut-on entendre dans le refrain, soulignant cette similitude étonnante entre deux mondes diamétralement opposées.

    À l’image de leurs carrières, ce titre n’étonne pas. Alesh, depuis plus d’une décennie, enchaîne des morceaux introspectifs et engagés, profondément ancrés dans le vécu congolais, parfois au péril de sa propre carrière: O’a Motema Mabe , Biloko ya Boye, Na Ndenge ya Mabe Te ou encore Awa Oye en sont des illustrations frappantes.

    De son côté, Zozo, avec Yuma au sein du duo MPR, s’est également illustré dans le même registre. En 2019, leur chanson Lobela Te Français dénonçait le complexe linguistique toujours présent, qui valorise à outrance le français, même mal maîtrisé. En 2021, Nini Tosali Te, brièvement censurée, pointait du doigt les souffrances du peuple congolais depuis plus de 60 ans, malgré l’indépendance.

    Avec Wenge Politica, le message est limpide : il s’agit de pointer l’immaturité persistante de la classe politique congolaise, toutes tendances confondues.

    Réception de l’œuvre 

    Avant même sa sortie, Wenge Politica a suscité un véritable engouement parmi les fans des deux artistes. Sur les réseaux sociaux, les commentaires fusaient dans tous les sens, certains, non sans humour, s’inquiétaient même de la sécurité des rappeurs après la publication du morceau.

    Sur son compte Facebook, Lexxus Legal, figure emblématique du rap conscient congolais aujourd’hui engagé en politique, a jeté des fleurs à la chanson :

    « Ils auraient pu faire lourd, charger les textes. Mais ils ont choisi léger, de la lumière au marteau, l’ironie au vacarme, pour que le message passe, même auprès des esprits moyens, de la zone grise, du plus grand nombre. Ça s’appelle de l’ingénierie », a-t-il écrit.

    En à peine quatre minutes, Wenge Politica parvient à esquisser une histoire, certes incomplète, mais garnie de références claires aux réalités congolaises : slogans politiques, projets emblématiques, surnoms ou encore phrases devenues virales comme Lil Pongi, 100 jours, à la moindre escarmouche, autant d’éléments qui parlent à celles et ceux connectés à l’actualité du pays.

    Bien plus, certaines références claires y sont visibles :

    « lelo parti ya, lobi rébellion » ( aujourd’hui dans tel parti, demain dans la rébellion ), ou mieux « premier album nabango 100 jours etula, neti oy’asala 18 album epola » ( en français : leur premier album « 100 jours », un flop, comme l’autre qui a produit « 18 albums » tous des déchets ).

    À une époque où la scène rap est dominée par les thématiques de l’argent, du bling-bling, des femmes « sexualisées », de l’alcool ou de la drogue, Wenge Politica se pose en contre-courant. Elle rejoint ce courant minoritaire mais essentiel d’une musique politique et engagée, résolument tournée vers la conscientisation.

    Afoyogira Uyergiu

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