Dimanche 19 mai 2024, Kinshasa s’est réveillée sous un climat inhabituel. Menée par Christian Malanga, un ancien membre des FARDC, cet homme et sa bande ont orchestré, les petites heures, une attaque meurtrière à la résidence de Vital Kamerhe, candidat au perchoir de l’Assemblée nationale et une descente au Palais de la Nation, siège et bureau du président de la République.
« Cette tentative a impliqué des étrangers et des Congolais. » [Ils] ont été mis hors d’état de nuire, leur chef y compris », a affirmé l’armée.
Dans la rue comme sur Internet, la question sur la vraie cible de cette attaque fait tache d’huile. Là où le gouvernement évoque « une tentative de déstabilisation des institutions », certains voient « une tentative d’assassinat ».
Sylvain Ekenge, porte-parole des FARDC à la télévision nationale, parlait, dans la foulée, « d’un coup d’État déjoué par l’armée ». Une version corroborée par Patrick Muyaya, speaker du gouvernement congolais, qui dresse un bilan de « 2 vaillants policiers (gardes) tombés ».
Sur X, l’épouse de Vital Kamerhe, Hamida Chatur, a été témoin « d’une attaque meurtrière qui a principalement ciblé son mari ».
« Dans leur fureur, ils ont abattu deux de nos gardes. Un de nos hommes a tout de même réussi à neutraliser l’un des leurs, mais cela n’a fait qu’attirer leur violence. Ils ont même introduit un drone pour repérer nos positions avant de lancer leur assaut. Pendant ce chaos, mon mari a réussi à joindre un de nos gardes par téléphone, qui lui a dit d’une voix tremblante : « Mokonzi, bazo luka nde yo, batuni oza wapi » (traduction : chef, c’est toi qu’ils cherchent, ils veulent savoir où tu es) », écrit-elle sur son compte.
D’après le ministère de la défense nationale et ancien combattant qui relaye les témoignages des assaillants, « la résidence du VPM Jean-Pierre Bemba, celle de la première ministre Judith Sumimwa étaient aussi les principales cibles de cette attaque ».
Avant l’étape du « Palais de la nation ». Des éléments nouveaux qui étaient jusqu’ici non relayés par le gouvernement congolais, moins encore par la presse.
Mbosso Nkodia, président sortant, dans son communiqué, appelle les Congolais à se mobiliser « comme un seul homme pour barrer la route à toute tentative de coup d’État » sans évoquer le fait que « la résidence de Kamerhe, ticket de l’union sacrée pour reprendre son fauteuil à l’Assemblée nationale » soit attaquée.
Didier Kamerhe, frère de Vital Kamerhe, appelle la communauté congolaise à rester factuelle en attendant les résultats des enquêtes officielles en cours. Le point de départ de ce qu’on présente officiellement comme tentative de renversement de pouvoir à Kinshasa est la résidence d’un simple député, mais, il faudrait le préciser, candidat au poste du président de l’assemblée, rapporte-t-il.
Face à la sacralité des faits et à la liberté des commentaires, seul le résultat des enquêtes indépendantes pourra mettre fin aux spéculations.
Rédaction