Samedi 3 mai 2025, la ville de Bunia a accueilli un atelier de présentation des résultats d’une étude conduite dans le cadre du projet Tufaulu Pamoja (Réussir Ensemble), une initiative portée par le mouvement Rien Sans Les Femmes (RSLF).
Cette rencontre a rassemblé des membres de partis politiques, des femmes leaders et des acteurs institutionnels, dans un espace d’échange et de réflexion sur une réalité souvent passée sous silence : les violences sexistes dans les sphères de pouvoir.
Une étude de grande ampleur pour des enjeux structurels
Commanditée par le RSLF lors de la première phase du projet Tufaulu Pamoja, cette étude s’est penchée sur les violences sexistes dans les sphères politiques et administratives. Neuf provinces ont été concernées : le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, l’Ituri, le Kasaï Oriental, le Haut-Katanga, Kinshasa, le Lualaba, le Tanganyika et la Tshopo. L’objectif : identifier les formes de violences, leurs causes, leurs impacts sur la participation féminine, ainsi que les obstacles structurels entravant l’accès des femmes aux postes décisionnels.
Les résultats sont sans appel : malgré les dispositions constitutionnelles garantissant l’égalité entre les sexes, les femmes demeurent largement sous-représentées dans les instances de décision. Le rapport souligne que les violences sexistes – verbales, psychologiques, institutionnelles sont courantes, souvent banalisées, et renforcées par une culture du silence profondément enracinée.
Témoignages et engagements pour le changement
Madame Louise Tajeki, l’une des représentantes du mouvement RSLF, a exposé les principales conclusions de l’étude, insistant sur l’urgence d’une transformation culturelle et politique pour briser le cycle de l’exclusion. Elle a rappelé que la participation équitable des femmes aux processus de paix et de développement demeure un pilier incontournable pour une société juste et inclusive.
Madame Marie Kabazaire Baguma point focal de RSLF en Ituri, a salué l’engagement de la Division provinciale du Genre, représentée par Jean-Marc Mazio, en faveur de l’accompagnement des femmes dans leur quête de représentation politique. L’atelier s’est déroulé au bureau du Forum des Mamans de l’Ituri (FOMI) acteur clé du mouvement Rien Sans Les Femmes dans la région.
La politicienne Dr Angèle Uvon a quant à elle reconnu l’existence persistante de violences sexistes au sein des partis politiques, tout en exhortant les femmes à ne pas céder au découragement et à poursuivre la lutte pour leurs droits.
Tufaulu Pamoja : une réponse aux défis historiques
Mis en œuvre pour une durée de trois ans, Tufaulu Pamoja (Réussir Ensemble) vise à renforcer la voix et la représentation des femmes et des jeunes dans les processus de paix et de développement à tous les niveaux en RDC. Le projet est actuellement dans sa deuxième phase, déployée dans six provinces : le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, l’Ituri, Kinshasa, le Tanganyika et la Tshopo.
L’atelier de Bunia s’inscrit dans une démarche de vulgarisation des résultats de l’étude, avec des objectifs clairs :
sensibiliser les acteurs politiques et administratifs ;
établir un calendrier de rencontres pour la remise officielle des résultats ;
utiliser les médias sociaux comme levier de diffusion ;
organiser des descentes de terrain pour renforcer l’impact local.

Vers un changement durable
Le mouvement Rien Sans Les Femmes milite inlassablement pour que les violences sexistes cessent d’être perçues comme une fatalité. L’étude présentée à Bunia vient éclairer, chiffres et faits à l’appui, la réalité quotidienne des femmes dans les sphères de pouvoir, souvent reléguées à des rôles subalternes malgré leurs compétences.
La lutte est loin d’être terminée, mais cet atelier marque une étape importante dans la revendication d’un espace politique plus équitable et respectueux des droits fondamentaux des femmes et des jeunes filles en RDC. Le défi reste immense, mais avec des engagements concrets comme ceux portés par le projet Tufaulu Pamoja, l’espoir d’un changement réel prend corps.
Verite Johnson