La tribune ci-dessous n’engage pas buniaactualite.cd, mais uniquement son auteur ⤵️
Sans la suspension de l’exploitation de l’or à Djugu, toute initiative de paix restera illusoire.
Par Luc Malembe
Acteur PolitiqueCe mercredi 15 janvier, la localité de Mabanga dans la chefferie de Mambisa en territoire de Djugu a vécu la cérémonie de démobilisation d’environ 600 miliciens du groupe Zaïre qui ont également remis au P-DDRCS environ 90 armes d’après la chaîne nationale RTNC.
1. Il faut de prime abord, noter que cet événement salué dans l’opinion iturienne comme un pas vers la paix, intervient quelques jours seulement après la publication d’un rapport très accablant du groupe d’experts de l’ONU qui établi un lien entre ces miliciens et les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda. Ce même rapport confirme que Monsieur Thomas Lubanga ancien prisonnier de la CPI serait le vrai commandant de Zaïre. Tout en faisant l’effort de rester optimiste comme nombreux sur les intentions de ce groupe Zaïre, je tiens juste à rappeler à l’opinion le contexte dans lequel intervient ce désarmement pour le moins brusque et surprenant.
2. Parce que nous parlons du dernier rapport des experts de l’ONU, il faut rappeler que ce document qui énumère sans complaisance les responsabilités de tous les acteurs impliqués dans le conflit sanglant en cours en Ituri, vient balayer les accusations mensongères contre le Gouverneur Militaire Luboya, longtemps accusé à tort par ses détracteurs d’être impliqué dans l’exploitation artisanale de l’or à Djugu. Si vraiment le Gouverneur était impliqué dans cette exploitation du sang, son nom allait figurer dans ce rapport. Une douche froide administrée donc à ceux qui passent toutes leurs journées à vilipender une autorité provinciale dévouée, qui accomplit pourtant sa mission en toute honnêteté.
3. Le même rapport parlant de la quantité d’or extrait frauduleusement à Djugu et Irumu, impliquant les responsables des milices locales, estime que Monsieur Baraka Amos, chef de la milice Zaïre ayant démobilisé 600 parmi ses hommes à Mabanga, amasse une bagatelle somme de 1,6 millions de dollars chaque mois, issus de l’extraction d’or, des impôts et autres frais perçus sur différentes barrières érigées dans la zone sous son contrôle. Comment donc penser que ce chef de milice qui s’enrichit allègrement de ce business du sang, peut facilement abandonner tout ça et remettre les armes, au motif qu’il veut faire la paix?
4. Voilà pourquoi, comme mesure d’accompagnement de ce pas vers la paix effectué par la milice Zaïre, je réitère ma demande de tous les jours, celle de voir les autorités ordonner la suspension momentanée de l’exploitation de l’or à Djugu et le retrait de toutes les machines excavatrices appelées localement « pockelins » qui pullulent dans la zone et qui exacerbent le conflit. C’est à mes yeux le meilleur moyen de s’assurer de la sincérité du processus de paix en cours.Lorsqu’il n’y aura plus des kilogrammes d’or à amasser et des millions de dollars à empocher, les deux milices rivales de Djugu CODECO et Zaïre n’auront plus de raison de continuer à tuer les populations civiles innocentes et l’unique choix qui leur restera, c’est de déposer les armes. Tant qu’on arrivera pas à ce niveau, toute initiative de paix dans cette région restera à mes yeux une illusion.
A lire aussi : Entrée des UPDF, «les envahisseurs ne peuvent devenir des sauveurs» (Tribune)