Ce 30 avril, la République Démocratique du Congo rend hommage à ses enseignants à l’occasion de la Journée nationale qui leur est dédiée. Une date marquée par des discours de reconnaissance et des hommages officiels. Mais derrière cette vitrine symbolique, une autre réalité persiste : celle des enseignants oubliés dans les zones sous occupation rebelle, particulièrement en Ituri, au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et dans certaines régions du Tanganyika.
Dans ces territoires encore contrôlés par des groupes armés, le droit à l’éducation est gravement compromis. Des écoles servent de bases militaires, des enseignants sont menacés, enlevés ou contraints à l’exil. Les élèves, eux, sont soit recrutés de force, soit empêchés d’accéder à l’école.
« Dans des localités comme Walese-Vonkutu, Mambasa ou certaines zones de Djugu, l’école est devenue un souvenir. Il n’y a plus d’enseignants. L’éducation y est presque inexistante », témoigne un responsable du secteur éducatif sous anonymat.
Un métier sous pression
Dans ces zones à haut risque, enseigner relève du courage extrême. Certains le font encore, par vocation, malgré l’insécurité permanente et l’absence quasi totale de soutien de l’État. Les salaires, lorsqu’ils sont versés, arrivent tardivement, et la protection des enseignants reste insuffisante, voire inexistante.
De nombreux enfants n’ont pas vu une salle de classe depuis des mois, voire des années. Le droit à l’éducation, pourtant inscrit dans la Constitution congolaise, est tout simplement bafoué.
En cette journée symbolique, syndicats et acteurs éducatifs lancent un cri d’alarme au gouvernement et à la communauté internationale : sécuriser les zones affectées, reconstruire les écoles détruites et appuyer les enseignants qui continuent leur mission dans des conditions extrêmes.
« Il ne peut y avoir de véritable éducation sans sécurité. Et sans éducation, le développement reste un mirage », martèle un représentant syndical basé à Bunia.
Les partenaires éducatifs et humanitaires sont eux aussi interpellés pour intensifier leur appui, afin d’éviter qu’une génération entière ne soit perdue à cause du conflit.
Si les enseignants des grandes villes reçoivent les honneurs du jour, ceux des zones en conflit n’ont parfois même pas une salle de classe. Cette Journée nationale doit aussi servir de moment de réflexion sur les inégalités criantes au sein du système éducatif congolais.
À tous les enseignants, et en particulier à ceux qui tiennent bon dans les ténèbres de l’insécurité, la nation vous doit son respect. Vous êtes les piliers silencieux de l’avenir congolais.
Bienvenu Kasima