Alors qu’il avait juré ne rencontrer Paul Kagame qu’au ciel, c’est finalement sous les cieux de Luanda en Angola que le président de la République démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi, devrait échanger avec son homologue rwandais dans le cadre du processus de paix, avant que la délégation rwandaise ne boycotte le sommet, qui a été annulé par la suite.
Sous la médiation du facilitateur désigné par l’Union africaine, João Lourenço, les questions autour de la résolution pacifique du conflit armé qui écume l’est de la RDC avec des accusations de Kinshasa et de groupe d’experts d’agression menée par le Rwanda, sous le label du M23 depuis 2021, devraient être au centre de cette rencontre, dont les regards sont désormais fixés sur de nouvelles dates.
Malgré l’absence du Rwanda, la tripartite s’est tenue, même si cela n’est pas dans le modèle voulu par l’organisateur. La rencontre a réuni cette fois le président angolais João Lourenço, le Congolais Félix-Antoine Tshisekedi et Uhuru Kenyatta, l’ancien chef de l’État du Kenya.
« La médiation a invité l’ancien chef d’État kenyan Uhuru Kenyatta à faire un état des lieux du processus de Nairobi, en faisant une jonction avec celui de Luanda« , a signifié la présidence de la RDC sur son compte X, sur la tripartite.
Les affrontements s’intensifient ces derniers jours entre les Forces armées de la République démocratique du Congo et les supplétifs de l’armée rwandaise, qui contrôlent une majeure partie de la province du Nord-Kivu, selon la représentante du secrétaire général des Nations unies en RDC et cheffe de la Monusco, Bintou Keita, récemment devant le Conseil de sécurité de l’ONU.
En novembre dernier, le Mécanisme conjoint de vérification adhoc renforcé (MVA-R) a été mis en place pour vérifier des accusations mutuelles de violation du cessez-le-feu instauré par le Processus de paix de Luanda. Malheureusement, ce nouveau format reste muet face aux bruits de bottes qui ont repris depuis une dizaine de jours dans le territoire de Lubero au Nord-Kivu, avec des avancées significatives des FARDC, si l’on s’en tient aux propos du sous-lieutenant Reagan Mbuyi, porte-parole Front-Nord de l’armée loyaliste.
Durant son intervention devant nos confrères de la Voix d’Amérique (VOA), madame Thérèse Kayikwamba Wagner, alors ministre des Affaires étrangères de la RDC, a attribué l’échec de MVA-R au Rwanda, l’accusant de n’avoir pas envoyé ses experts pour mettre en œuvre les objectifs attribués à ce mécanisme, qui devrait permettre d’installer une désescalade sur le terrain des combats.
Comme s’il avait hâte, le Président congolais enterra en premier sur le sol de Luanda. Il avait promis, s’il rencontrait le Rwandais : « Je veux le regarder droit dans les yeux et lui dire : ‘Tu es un criminel’, et puis, c’est tout », avait laissé entendre Félix Tshisekedi. Le décor est-il planté ou pas pour qu’il accouche de ses propos ?
Guerschom Mohammed