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    La situation socio-sanitaire des détenus à la prison centrale de Mambasa se dégrade davantage depuis l’année dernière. Des décès en cascade, des évasions des détenus malades, qui fait quoi exactement au sein de ce centre pénitencier ?

    Pour l’année 2022 achevée, la nouvelle société civile congolaise, section de Mambasa dit avoir dénombré plus de 50 décès à la prison centrale de Mambasa suite à un « mauvais traitement ». Comme si cela ne suffisait pas, l’année 2023 a mal commencé pour des détenus, la même structure parle de 4 prisonniers nouvellement décédés en l’espace de moins d’une semaine. Un chiffre confirmé par des autorités administratives locales.

    Les derniers cas en date remontent dans la soirée du samedi et la matinée du dimanche 08 janvier 2023 où deux détenus sont décédés. Toutes les victimes, à en croire la NSCC, étaient des prévenus.

    Pourquoi autant de décès ?

    Construite pour une capacité d’accueil de 200 pénitenciers, la prison centrale de Mambasa en héberge actuellement au moins 560 dont plusieurs prévenus. Un surpeuplement qui a des conséquences visibles sur leur alimentation, conduisant aussi à la malnutrition.

    Des maladies s’invitent alors à la porte ouverte. Tuberculose et surtout la diarrhée sont fréquentes dans cette maison de correction.

    Le retard de référencement, le nœud des décès en cascade ?

    La prison centrale de Mambasa est située au quartier Congo ya Sika au centre de Mambasa à seulement quelque 500 mètres de l’hôpital Général de Référence. Mais plusieurs sources dont cette structure sanitaire dénoncent le retard dans le référencement des détenus malades.

    En tout cas, il y a le retard de référencement. Plus souvent on nous emmène ici des détenus pendant qu’ils sont en état critique. La plupart des cas, c’est difficile qu’ils soient soignés correctement ”, confie une source crédible au sein de l’hôpital Général de Référence de Mambasa.

    Du côté de cette maison carcérale, l’on justifie le retard de référencement par l’évasion répétitive des détenus malades après leur transfert à l’hôpital Général pour des soins appropriés.

    En manque d’une politique de sécurisation des détenus référés, la prison « doute » de référer tout de suite, un malade par crainte d’une éventuelle évasion. Une hypothèse rejetée par l’administrateur du territoire de Mambasa.

    Entre le 1er et 3 janvier 2023 par exemple, tous les 3 malades transférés de la prison centrale se sont évadés, confirme l’Hôpital.

    Le 03 janvier, la NSSC indiquait avoir retrouvé un détenu mort dans une cuisine au quartier Plateau, après son évasion de l’hôpital Général de Référence de Mambasa.

    Le chef de l’exécutif territorial, qui indique avoir un regard particulier sur cette situation, dit avoir instruit le commandant de la police locale de mettre au moins 2 de ses éléments à la disposition de la prison centrale pour sécuriser des détenus malades référés à l’hôpital général de référence.

    S’il y a eu évasion, c’est la faute, si pas des policiers de garde qui ont mis la négligence ou peut-être de leur chef qui n’ont pas respecté les consignes ”, pense le commissaire supérieur principal Jean Baptiste Muyapandi dans une interview exclusive à buniaactualite.cd

    Durant l’année 2022, les sources de l’hôpital Général de Référence affirment avoir enregistré plus ou moins 9 cas d’évasion. Une situation décriée par John Vuleveryo, coordonnateur de la NSCC.

    Par rapport aux décès en cascade des détenus dans cette maison de correction, le numéro 1 de Mambasa doute que cet établissement soit doté d’un personnel soignant permanent. Qui est censé contrôler cette prison implantée pourtant à Mambasa centre ?

    Le député Leku, voit autrement

    Le député national Emmanuel Leku Apuobo, élu du territoire de Mambasa dénonce de son côté, des cas de tortures dans la même prison conduisant aussi aux décès. Il révèle même que des « frais des bougies et des chambres » sont instaurés au niveau local, au-delà de la maltraitance.

    Selon cet élu, des prisonniers payent 350.000 FC (soit plus de 150 dollars américains) pour avoir une place confortable. Il regrette, par ailleurs, que les autorités compétentes n’ont pas un regard permanent sur cette prison.

    Des bonnes volontés sur la brèche .

    La prison centrale de Mambasa dispose tout d’abord d’un jardin où des maniocs sont récoltés.

    La première récolte a été faite le mardi 13 octobre 2022 sous la supervision de Daniel Bahati, son directeur dans le cadre de la lutte contre la précarité des conditions de vie dans cette maison carcérale, notamment l’insuffisance des vivres. Mais cela n’empêche les bonnes volontés de venir au secours aux compatriotes restreints de certains droits.

    La nouvelle société civile, l’association des taximen, l’administrateur du territoire voire des églises ne cessent d’assister en vivre les détenus.

    Depuis le 02 janvier, ces sont des chrétiens d’une paroisse italienne qui dotent cette prison de certains matériels. Au moins 20 lits superposés avec 12 places chacun y seront installés, note M. Bahati.

    En tout cas, le moins qu’on puisse dire c’est que les conditions carcérales de la prison centrale de Mambasa restent préoccupantes. La promesse faite par le gouverneur de province le 12 décembre 2022, après inspection de la prison centrale de Bunia, de doter cette maison carserale d’une unité médicale d’intervention rapide, pour tant soit peu répondre au besoin médical des détenus, « ne s’est encore concrétisée ».

    Même au chef-lieu de la province, l’on regrette que la prison centrale de Bunia heberge actuellement, plus des prévenus que des condamnés, malgré la grâce présidentielle accordées à certains détenus.

    Verite Johnson

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