L’association culturelle Lori, regroupant le peuple Bbale-Lendu, dénonce ce qu’elle qualifie de « génocide » en cours contre ses membres. Une situation qui s’observe, selon elle, depuis le déploiement de l’armée ougandaise UPDF à Fataki, dans le territoire de Djugu, en Ituri, province sous état de siège du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC).
C’est dans un communiqué de presse de l’association culturelle Lori du 24 mars 2025, dont buniaactualite.cd détient une copie, que cette dénonciation a été faite.
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Pour elle, l’histoire de l’extermination du peuple Lendu se répète.
« Alors nous, Bbale/Lendu réunis au sein de l’Association culturelle Lori (ACL en sigle), suivons avec profond regret l’évolution sécuritaire en territoire de Djugu assiégé par l’armée ougandaise UPDF sur fond d’un prétendu deuxième accord de mutualisation des forces FARDC-UPDF », peut-on lire dans ce texte signé par Mateso Mbutchu Claude.
Lori résume ses constats dits « amers » à 6 faits, dont le déploiement « unilatéral » de l’UPDF sur le sol du secteur des Walendu Djatsi en groupement Fataki. Des militaires qui ont été orientés, selon le communiqué, par les miliciens ZAIRE/CRP. Lori parle aussi de l’inexistence de la mutualisation des forces caractérisée par le manque de coordination FARDC-UPDF à Fataki.
L’assimilation à dessein de tous les Lendus aux CODECO et ADF par les personnes malintentionnées sur les réseaux sociaux fait également partie de ces faits.
L’Association culturelle Lori dit prendre « à témoins la communauté internationale du génocide en cours de la coalition l’UPDF/CRP et ZAIRE/M23 contre le peuple Bbale (Lendu) en vertu des Statuts de Rome dont l’Ouganda est signataire. » Elle demande la protection du peuple Bbale face à ce second génocide en cours .
Le même communiqué fait remarquer que le peuple Bbale (Lendu) reste patriote, accompagne les efforts inlassables de paix initiés par le gouverneur militaire de la province de l’Ituri et marque son soutien indéfectible au Président de la République, chef de l’État, ainsi qu’ aux FARDC.
Fataki, le déclencheur
Depuis l’arrivée des troupes ougandaises de l’UPDF à Fataki, dans le territoire de Djugu en Ituri, des éléments de la milice de la CODECO ont attaqué à trois reprises la position des militaires ougandais. Des affrontements ont eu lieu entre les deux parties.
Selon un bilan de l’armée ougandaise, plus de 200 éléments de la milice de la CODECO, en majorité membres de la communauté Lendu, ont été tués lors des deux premiers jours de combats.
La présence de cette armée ougandaise à Fataki est diversement commentée dans l’opinion publique iturienne.
Au gouvernement congolais, l’Association culturelle Lori demande « de se prononcer urgemment sur les événements de Fataki et de Sanduku ». Elle exige également la levée de flou entretenu autour de prétendu deuxième accord de mutualisation élargissant la zone d’intervention de l’UPDF en le publiant ou, à défaut, en le résiliant pour l’intérêt général du pays et en arrêtant le génocide du peuple Bbale (Lendu).
Pour rappel, la milice de la CODECO, groupe armé dont des membres sont cités comme étant proches de la communauté Lendu, est à la base de l’insécurité dans le territoire de Djugu. Depuis fin 2017, plusieurs centaines de civils ont été tués par ce groupe armé. Des déplacés, femmes et enfants, sont parfois parmi les principales victimes de ce groupe armé.
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Dans le territoire de Djugu, aux côtés du groupe armé CODECO, ont émergé des mouvements dits d’autodéfense comme Zaïre, Mapi… Ces groupes armés, assimilés proches des communautés dites victimes (Hema, Alur, Nyaki…), sont aussi accusés d’être à la base de l’insécurité. Au départ, ils ont été créés pour lutter contre l’activisme de la milice de la CODECO.
Rédaction