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    Le lieutenant général Luboya N’Kashama Johnny, gouverneur militaire de l’Ituri, a affirmé que le P-DDRCS, un programme technique placé sous la Présidence de la République, « ne fonctionne pas » dans la province sous son administration. 

    Mercredi 17 juillet 2024, l’autorité provinciale évoquait à côté de Van de Perre, représente spéciale adjointe chargée des opérations et de la protection de la MONUSCO, la situation sécuritaire actuelle dans la province dont la gestion lui est confiée.

    Pour lui, 4 des 5 territoires sont plus ou moins sécurisés. La seule partie où persiste l’insécurité, confie-t-il, c’est l’ouest de Mongbwalu dans la zone minière (Djugu). Une situation qui se justifie par le fait que le P-DDRCS ne fonctionne pas.

    «Étant donné que le P-DDRCS ne fonctionne pas…»

    Ituri est la seule province prioritaire où le désarmement a été lancé depuis avril 2023. Des sources proches du programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS) renseignent qu’une centaine de combattants ont déposé les armes à Diango, entité du territoire d’Irumu proche de la ville de Bunia.

    Le processus semble « bloquer » à ce jour, l’effectif des combattants n’avance pas au site. Un motif qui met des mots dans la bouche du commandant des opérations dont ses éléments combattent CODECO et autres dans le territoire depuis fin juin 2024.

    Vous savez, il faut dire la vérité, ces hommes-là, maintenant, ils n’ont pas une autre issue (…) Pourquoi ? Parce que nous n’avons pas proposé d’activité valorisante, étant donné que le P-DDRCS ne fonctionne pas. Et donc, il y a beaucoup de mines à Lodjo, à Pluto. Ils sont maintenant en train de disputer qui veut prendre deux ou trois mines ici, qui veut rester avec deux ou trois mines là-bas,  pour, n’est-ce pas, subvenir à leur besoin, c’est de ça qu’il s’agit ”, a déclaré l’autorité provinciale.

    Sur le terrain, le P-DDRCS continue avec des activités de sensibilisation. Luboya reconnaît lui-même d’avoir dépêché avec le commandant région une équipe du P-DDRCS dans la région de Kilo (Djugu) pour sensibiliser ces groupes armés.

    Le désarmement qui semble ne pas avancer actuellement est pourtant de l’apanage de l’armée ou du ministère de la Défense. Il s’agit d’un acte volontaire de remise d’armement par le combattant aux équipes mixtes de contrôle et vérification d’armement ou à une autorité militaire compétente selon le cas, en présence d’observateurs militaires indépendants.

    N’y a-t-il pas des combattants disponibles pour déposer les armes ? Manque-t-il des moyens à la disposition de l’armée ou P-DDRCS pour désarmer les miliciens ? Autant de questionnements sans réponses.

    Le désarmement, un défi urgent pour stabiliser l’Ituri

    Récemment, le député national Mbodina Iribu a rassuré l’implication de Jean Bosco Bahala pour l’éventuelle libération de Willy Abibu, coordonnateur provincial du P-DDRCS en Ituri, aux arrêts depuis août 2023. Ceux qui estiment que le P-DDRCS « est le dernier espoir de la paix en Ituri » s’impatientent.

    Ayant affirmé que « le P-DDRCS ne fonctionne pas », l’autorité provinciale a pourtant un rôle à jouer. Il est le président du cadre  de concertation provinciale pour la paix et d’appui au P-DDRCS.

    Le cadre de concertation, explique le site du P-DDRCS, est une structure de proximité, un cadre de dialogue et de mobilisation communautaire. C’est donc un espace de concertation des différentes composantes des forces vives de la Province et des territoires pour la recherche et la consolidation de la paix et de la cohésion sociale.

    Il accompagne le P-DDRCS et l’appuie dans la mise en œuvre de ses actions. Il a la mission de réfléchir et de faire des propositions constructives sur la mise en œuvre des 5 piliers du Programme. Qui fait quoi ?

    Sur les réseaux sociaux, le P-DDRCS qui vise à contribuer à la consolidation de la paix, à la réconciliation nationale, à la reconstruction socio-économique du pays ainsi qu’à la stabilité en RDC est largement et diversement commenté.
    Certaines voix évoquent le non payement des agents de ce service depuis plusieurs mois.

    Les groupes armés qui ne respectent pas les actes d’engagement, rassure le gouverneur militaire, seront traqués. Reconnaissant que « ces hommes sont allés au Nord-Kivu », Luboya est prêt à déployer un maximum d’hommes à Djugu pour en finir avec CODECO, Zaïre etc.

    Nous leur disons, ils peuvent rester dans les mines mais sans armes, même en attendant le P-DDRCS. Mais s’ils sont en train de s’attaquer à la population, nous avons une très bonne planification, nous allons les suivre partout où ils sont ”, a poursuivi le chef de l’exécutif provincial.

    David Ramazani

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