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    A Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, « enfants des rues » est une question qui date. Il suffit de faire un tour sur les principales artères pour s’en rendre compte. En rupture avec leur milieu familial, ces enfants passent nuit à la belle étoile pour la plupart. Mais visiblement, l’insécurité n’est qu’une partie visible de l’iceberg.

    Un phénomène répandu et complexe

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    L’Ituri n’est pas la seule province de la RDC où la question « enfants des rues » fait tache d’huile. Mais ici, l’on semble lier, uniquement, ce phénomène à la dégradation de la situation sécuritaire dans les banlieues de la ville de Bunia. Mais une chose est sûre : la question est bien complexe.

    La dislocation des foyers, la pauvreté, les conflits armés, l’influence extérieure, il n’y a pas que ça comme cause de ce phénomène. Un autre facteur important : l’irresponsabilité des parents.

    Près de Capa (Bunia) sur le tronçon menant à l’aéroport national de Murongo, où logent une partie de ces enfants, d’un premier regard, c’est une condition de vie « impitoyable ». Pas de toilette, pas d’eau moins encore où dormir. Là, tout est « en cascade ». Mais ces SDF ne viennent pas que de Djugu ou Irumu. Parmi eux, des enfants originaires de la même ville de Bunia.

    Janvier, est âgé de 14 ans. Avant d’être chassé par son grand frère, dégoûté de son comportement, il habitait à Hoho, l’un des quartiers de la ville de Bunia. Finaliste au niveau primaire, il voit ses études s’interrompre. Jusqu’ici, malgré la présence de sa maman, il a peur de retourner dans sa famille sans l’aide extérieure.

    Dormir ici, c’est compliqué, il fait tellement froid. Plus souvent, nous mangeons au deuil. S’il y en a pas, on dort ventre creux ”, explique-t-il en détresse à buniaactualite.cd

    Pour sa survie, il se donne à quelques travaux ménagers dans certaines familles. Mais la principale destination de sa recette : « l’achat de la drogue ». Mais pourquoi ? « à cause de soucis ».

    Même situation pour Aimedo, venu de Tchomia (Djugu), qui accepte de jeter son « mego » pour nous parler. D’après ses explications, le pathex qu’ils utilisent pour se droguer coûte 6000FC. Un montant qu’ils obtiennent d’une contribution collective.

    Pour laisser de me droguer ? Si je trouve quelqu’un qui me prend en charge, j’abandonne ”, rassure ce mineur de 16 ans.

    Moïse, a un objectif à atteindre : s’acheter de bons habits avant de retourner dans sa famille. Il provient de Lembabo (Bunia) et ses parents habitent Kindia (Bunia).

    Moi, je suis venu à la recherche d’habits. Dès que j’en aurai je retournerai. Mes parents ? Ils me payent des habits que je n’aime pas ”, explique ce dernier.

    Jérémie et Espoir ont un seul envie : rejoindre leur famille respective. Mais ne savent comment y arriver.

    C’est le cas du premier (Jérémie) venu de Mwanga (Irumu). Il veut y retourner mais ne sait pas si ses parents s’y trouvent encore. Triste !

    Le second, malgré son jeune âge (14 ans) sait aussi se droguer. “ Le Pathex ?, Si je rentre à la maison (Mongbwalu) je vais laisser ”.

    Dans la rue, comme à la guerre

    Dans la rue, ces sans domicile fixe, SDF, sont sans contrôle et prêts à tout pour leur survie : voler, se droguer ou aller travailler, peu importe l’âge. Si les uns se livrent au ramassage des fers pour la revente, alors les autres par contre s’en donnent aux travaux ménagers où on leur souhaite bienvenue.

    Si la drogue est une substance psychotrope illégale et dont l’usage est réprouvé et provoque plus souvent une dépendance et modifie l’état mental, alors chez les SDF, la définition est bien le contraire. Tout le monde ou presque est consommateur ou contribue pour l’achat de pathex, leur drogue préférée. Surprenant, malgré leur lieux d’habitation inapproprié, ces enfants bénéficient de certaines assistances même de la part des ONG. Qui pour s’occuper de la réinsertion ?

    Qui fait quoi ?

    Selon l’article 41 de la Constitution de la RDC, « les pouvoirs publics ont l’obligation d’assurer la protection aux enfants en situation difficile ». Le même article stipule que « les parents ont le devoir de prendre soin de leurs enfants et d’assurer leur protection contre tout acte de violence tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du foyer».

    La responsabilité de l’Etat, de la communauté, des parents et de toute autre personne bienveillante sont aussi contraints d’intervenir pour participer à l’encadrement et à la protection de chaque enfant. C’est du moins que stipule la loi numéro 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant en RDC.

    Verite Johnson

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