À la suite des tueries en masse des paysans perpétrées par les rebelles de la force démocratique et alliée (ADF) entre le 21 et le 24 juillet 2024 dans la localité de Babila-Bakaïku à une trentaine de kilomètres à l’ouest d’Oïcha, chef-lieu du territoire de Beni au Nord-Kivu, la société civile forces vives de la commune d’Oïcha a convoqué, vendredi 26 juillet 2024, une assemblée extraordinaire. L’une des grandes résolutions : 3 journées ville-morte décrétées.
L’assise s’est tenue au bureau de la société civile à Oïcha, à l’intention des différents représentants des couches sociales, comme la Fédération des entreprises du Congo (FEC), les organisations de défense des droits humains, mouvements citoyens et groupes de pression. C’était après avoir constaté que nombreux des cultivateurs tués dans cette partie du secteur de Beni-Mbau étaient habitants d’Oïcha.
En unanimité, les acteurs des forces vives décrèrent trois journées de ville-morte à partir du lundi 29 juillet 2024, donc jusqu’au mercredi 31 juillet. Plusieurs autres décisions ont été prises et des recommandations formulées. Parmi celles-ci, la société civile exige la relève de certaines unités des forces armées de la République, FARDC, dans la partie Ouest d’Oicha et en secteur de Beni-Mbau, côté Ouest, aussi la levée des barrières où ne cessent d’être déplorées les cas de tracasseries contre les cultivateurs.
En outre, la société civile demande aux jeunes volontaires de venir s’identifier au bureau de la société civile en vue d’être orientés pour servir au côté des Forces Armées de la République démocratique du Congo (FARDC) comme patriotes.
C’est au sortir de cette assemblée que monsieur Isaac Kavalami, président de la société civile noyau d’Oicha, a communiqué ces mesures à la presse, en insistant que toute la population doit les respecter.
Et donc, « aucun véhicule, moto, ne sera autorisé à circuler. Toutes les organisations non gouvernementales (ONG), la mission onusienne MONUSCO doivent suspendre leurs mouvements en commune d’Oïcha pendant ces trois journées », a martelé le président de la société civile en commune d’Oïcha.
Il faut ici dire que le bilan provisoire des attaques menées par les rebelles de l’ADF dans près de 10 villages de la localité de Babila-Bakaïku, dont Kato Okola, Mabuo, Ka Terrain, Kota Na Respect, en une semaine, fait état d’au moins 123 civils tués et plusieurs disparus, sans compter des biens pillés, selon la société civile locale.
De ces corps, 30 sont passés par la salle des morts de l’hôpital général de référence d’Oïcha, apprend-t-on des sources proches de l’hôpital. Les victimes de ces assauts rebelles, précisons-le, sont plus des paysans. Ils étaient surpris, les uns dans leurs champs, les autres sur les sentiers, en provenance de cette partie du territoire de Beni au Nord-Kivu, d’autres encore en provenance du territoire d’Irumu en Ituri, c’est à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
Dans cette partie orientale du pays, d’un côté, les opérations militaires conjointes entre l’armée congolaise et ougandaise appuyées par la MONUSCO se déroulent depuis plus de deux ans, avec la mission de traquer l’ADF ou de mieux stabiliser la région. Dans une partie du territoire de Beni, comme en secteur de Ruwenzori, ces opérations conjointes produisent des fruits remarquables sur le plan sécuritaire, d’après la société civile, alors qu’en secteur de Beni-Mbau rien ne semble marcher, toujours d’après les forces vives.
En juillet dernier, plus d’une centaine d’autres civils étaient tués par les mêmes rebelles de l’ADF dans le groupement de Baswagha-Madiwe, toujours dans le secteur de Beni-Mbau.
Et les forces armées de la République, à travers le secteur opérationnel Sokola 1 Grand Nord-Kivu, rassurent que des stratégies sont en train d’être prises pour barrer la route à l’ennemi. C’est dans ce sens que le sous-chef d’État major des FARDC et commandant du front Nord, le général major Chiko Chitambwe a rencontré des officiers militaires en ville de Beni, vendredi 26 juillet 2024. Il leur a demandé « de faire preuve du patriotisme » face à l’agression du pays, d’après le colonel Mak Hazukayi, chargé de la communication et de la sensibilisation dans le secteur opérationnel Sokola 1 Grand Nord-Kivu.
Nganga Victor Mbafumoja