La Cour militaire de la province de l’Ituri, siégeant en chambre foraine à la Tribune centrale de Bunia, a rendu ce mercredi 15 octobre son verdict dans le dossier opposant le ministère public au colonel Gere Kengu Justin et au commissaire supérieur adjoint Kangamina Tshabela Noël. Les deux officiers étaient poursuivis pour violation de consignes et vente de munitions de guerre.
Au terme des débats, la Cour a condamné le colonel Gere Kengu à 20 ans de servitude pénale principale pour violation de consignes pendant l’état de siège. Elle a également prononcé son renvoi définitif des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Le condamné devra payer 500 000 francs congolais de frais d’instance dans un délai de huit jours, faute de quoi il subira une contrainte de six mois.
Le commissaire supérieur adjoint Kangamina Tshabela Noël, reconnu coupable des mêmes faits, a pour sa part écopé de 8 ans de servitude pénale principale. La Cour a également ordonné son renvoi de la Police nationale congolaise (PNC). Il devra verser 400 000 francs congolais de frais d’instance dans le même délai.
Les deux condamnés disposent de cinq jours pour interjeter appel.
Un dossier lié au massacre de Komanda
Cette affaire fait suite à l’enquête ouverte après le massacre de Komanda, survenu dans la nuit du 26 au 27 juillet 2025, au cours duquel plus de 39 civils avaient été tués. Lors de l’audience du 6 octobre dernier, le ministère public avait requis 20 ans de prison contre le colonel Gere et 8 ans contre le commissaire supérieur adjoint Kangamina.
Selon le réquisitoire, le colonel Gere, alors commandant second de l’axe opérationnel chargé des opérations et renseignements, aurait manqué à ses obligations de prévention et de réaction lors de l’attaque.
L’auditeur militaire avait également relevé la négligence des deux prévenus, soulignant que le colonel n’était intervenu qu’au petit matin, bien après le début de l’attaque.
Contexte de violations récurrentes en Ituri
La province de l’Ituri reste l’une des régions les plus affectées par les violations des droits humains en République démocratique du Congo. Des massacres à répétition, des attaques contre les civils et des défaillances dans la chaîne de commandement militaire continuent d’alimenter un climat d’insécurité et de méfiance.
Dans ce contexte fragile, le verdict rendu ce mercredi par la Cour militaire provinciale s’inscrit dans la volonté affichée des autorités judiciaires de rétablir la discipline au sein des forces armées et de la police, souvent pointées du doigt pour leur manque de réaction face aux exactions commises contre les populations civiles.
Verite Johnson

