Alors que les revendications des enseignants de Katoyi et d’Ufamandu 1 dans le territoire de Masisi mettent en lumière des mois de salaires impayés, c’est l’avenir de centaines d’enfants qui est en péril dans cette région instable du Nord-Kivu.
Derrière les chiffres et les protestations, ce sont les salles de classe silencieuses, les tableaux noirs sans craie, et des élèves livrés à eux-mêmes qui illustrent la véritable ampleur de cette crise.
Dans ces zones rurales déjà fragilisées par l’insécurité et l’isolement géographique, l’école représente souvent le dernier rempart contre la déscolarisation, le recrutement armé ou encore le travail forcé des enfants. Or, la paralysie actuelle du système éducatif, causée par le non-versement des salaires et l’absence totale de frais de fonctionnement, rend ce rempart de plus en plus friable.
Les témoignages recueillis auprès de ces enseignants qui affirment que, depuis le début de cette année 2025, ils n’ont pas encore touché leurs salaires
« Depuis janvier, les enseignants ne reçoivent absolument rien. Nous travaillons dans des conditions très difficiles, tant dans les écoles primaires que secondaires. Toutes les écoles du secteur de Katoyi et du groupement Ufamandu premier en chefferie des Bahunde sont concernées. Plus de 100 enseignants de ces sept groupements sont affectés. Nous sommes mécanisés depuis longtemps, mais depuis janvier, ni les frais de fonctionnement pour les écoles primaires ni les salaires des écoles secondaires ne sont versés, a déclaré Bertrand Ilunga, représentant de ces enseignants à la radio onusienne. »
Plus dramatique encore, dans un contexte où un groupe armé contrôle entièrement cette zone, l’absence prolongée d’encadrement scolaire ouvre la voie à des dérives, comme l’embrigadement de mineurs. L’année scolaire 2024-2025 risque de se solder par un échec total pour des centaines d’élèves, si des mesures urgentes ne sont pas prises.
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La crise actuelle n’est donc pas qu’un problème administratif ou budgétaire : elle est une menace directe contre le droit fondamental à l’éducation dans l’est de la RDC. Les autorités, à tous les niveaux, sont appelées à agir rapidement pour éviter une année blanche et surtout, pour protéger l’avenir des enfants pris au piège d’une crise à la fois salariale, sécuritaire et humanitaire.
Dorcas Faya